Les autorités américaines ont procédé à la saisie d’un pétrolier au large des côtes vénézuéliennes, marquant une nouvelle intensification de leur politique de sanctions contre le gouvernement de Nicolas Maduro. Le navire Skipper, transportant 1.900.000 barils de pétrole, se dirigeait vers Cuba lorsqu’il a été arraisonné en haute mer par des forces américaines, selon plusieurs responsables à Washington.
La saisie s’inscrit dans une campagne élargie visant à perturber les exportations pétrolières du Venezuela, qui restent la principale source de revenus pour le gouvernement de Caracas, en dépit d’un embargo en vigueur depuis 2019. Le département du Trésor américain a par ailleurs ajouté six compagnies maritimes à sa liste noire, ainsi que plusieurs individus soupçonnés de soutenir la logistique pétrolière parallèle du pays.
Un dispositif militaire et judiciaire en expansion
Le ministère américain de la Justice a confirmé que le Skipper est désormais en route vers un port sous contrôle américain, où sa cargaison devrait être saisie. La porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, a justifié cette opération en affirmant que les États-Unis ne toléreraient plus que « des navires sanctionnés naviguent sur les mers avec du pétrole provenant du marché noir ».
Des vidéos publiées par des responsables américains montrent des soldats armés prenant le contrôle du navire depuis un hélicoptère. Ce type d’intervention, qualifié de « piraterie navale criminelle » par le président vénézuélien lors d’une allocution télévisée, est une première depuis l’intensification du dispositif militaire américain dans les Caraïbes au cours de l’été.
Des réseaux commerciaux sous pression
Outre le Skipper, les sanctions visent un homme d’affaires panaméen accusé d’avoir facilité les transactions pétrolières de Caracas, ainsi que trois neveux de l’épouse de M. Maduro, que Washington accuse d’implication dans le narcotrafic. Ces personnes et sociétés se voient désormais interdites de tout lien commercial avec des entités américaines, et leurs avoirs sur le territoire des États-Unis ont été gelés.
Selon les autorités américaines, les revenus tirés de ces cargaisons financeraient des groupes qualifiés de « narcoterroristes », parmi lesquels figurent des entités affiliées au Hezbollah libanais et au Corps des gardiens de la révolution islamique iranien. Le Trésor avait déjà sanctionné le Skipper en 2022 pour des liens présumés avec ces organisations.
Conséquences sur les flux pétroliers et réactions internationales
Le Venezuela, sous embargo énergétique depuis six ans, écoule une partie de sa production à travers des canaux non déclarés à destination de la Chine, de l’Iran et de Cuba. La saisie du navire pourrait décourager de futurs acheteurs en exposant les risques juridiques et logistiques liés au transport de pétrole vénézuélien hors du système bancaire et douanier traditionnel.
Face à cette opération, le président Maduro a promis des « actions juridiques et diplomatiques appropriées », sans préciser le pavillon du navire saisi. Il a insisté sur le fait que la cargaison avait été vendue légalement et payée en amont. Le président russe Vladimir Poutine a exprimé sa solidarité à son homologue vénézuélien lors d’un appel téléphonique, évoquant des « pressions extérieures croissantes ».
Tensions diplomatiques régionales croissantes
La Colombie s’est déclarée prête à offrir l’asile à Nicolas Maduro si celui-ci devait quitter le pouvoir. De son côté, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a rapporté avoir mis en garde Donald Trump contre les risques d’une guerre régionale, lors d’un échange téléphonique début décembre.
« Je lui ai dit : Trump, nous ne voulons pas d’une guerre en Amérique latine », a déclaré M. Lula, ajoutant que le président américain lui aurait répondu : « Mais moi j’ai plus d’armes, plus de bateaux, plus de bombes. » Ces déclarations alimentent les préoccupations de l’opposition démocrate aux États-Unis, qui s’inquiète d’un possible élargissement du conflit énergétique à l’échelle régionale.