Les forces américaines ont intercepté un pétrolier au large des côtes vénézuéliennes, dans une opération coordonnée par plusieurs agences fédérales, dont le Département de la Justice, le Département de la Défense et la Garde côtière. Le président Donald Trump a confirmé l’action, qualifiant le navire de “plus grand pétrolier jamais saisi”. L’Attorney General Pam Bondi a précisé que le navire transportait du pétrole soumis à sanctions et destiné à financer des entités considérées comme terroristes.
La réaction du gouvernement vénézuélien a été immédiate. Caracas a qualifié la saisie d’“acte de piraterie internationale” et dénoncé une tentative américaine de s’approprier ses ressources. Le président Nicolás Maduro a affirmé que le pays ne deviendrait jamais une “colonie pétrolière” et son ministre de l’Intérieur, Diosdado Cabello, a accusé Washington de “vol et d’agression”.
L’opération militaire en mer des Caraïbes
L’intervention a mobilisé deux hélicoptères, dix membres de la Garde côtière, dix Marines ainsi que des forces spéciales. Les appareils ont été déployés depuis le porte-avions USS Gerald Ford, actuellement stationné dans la mer des Caraïbes. Des images diffusées montrent des soldats en armes descendant par corde sur le navire. Selon les autorités américaines, ce dernier aurait transmis de fausses données de localisation, une technique de “spoofing” visant à masquer ses mouvements.
Le navire, identifié comme le Skipper, est enregistré sous le pavillon des îles Marshall, bien qu’il ait été vu récemment naviguant sous pavillon guyanien, une information contestée par les autorités de Georgetown. La société nigériane Thomarose Global Ventures Ltd serait son exploitant opérationnel, tandis que son propriétaire enregistré est Triton Navigation Corp, basée aux îles Marshall.
Conséquences pour le marché pétrolier et tensions régionales
Selon des données de suivi maritime, le Skipper aurait fait escale en Iran, en Irak et aux Émirats arabes unis entre juin et juillet. Sa dernière localisation connue remontait à fin octobre au large de la Guyane, avec peu de mouvements enregistrés depuis. Ces informations restent toutefois incertaines, en raison de possibles manipulations de signal.
La saisie du pétrolier intervient dans un contexte de pression accrue sur les exportations pétrolières vénézuéliennes. Le Brent a enregistré une légère hausse, les opérateurs anticipant de potentielles perturbations de l’approvisionnement. Des analystes estiment que cet incident pourrait dissuader d’autres transporteurs de s’aventurer dans la région, fragilisant davantage le secteur pétrolier vénézuélien déjà contraint par les sanctions.
Renforcement militaire et climat de confrontation
Les États-Unis ont récemment intensifié leur présence militaire dans la région, avec le déploiement de milliers de soldats et de navires de guerre. Depuis septembre, au moins 22 frappes ont été menées contre des embarcations soupçonnées de trafic de stupéfiants, causant la mort d’au moins 80 personnes. La situation fait craindre une escalade, alors que Caracas multiplie les accusations d’ingérence contre Washington.
Lors d’un rassemblement, Nicolás Maduro a tenté de mobiliser l’opinion américaine en chantant “Don’t worry, be happy”, appelant à éviter tout affrontement militaire. Toutefois, il n’était pas établi s’il avait été informé de l’interception du Skipper avant cet événement public.