Les États-Unis ont annulé l’autorisation permettant à Trinité-et-Tobago de développer le champ gazier Dragon en partenariat avec le Venezuela, a déclaré le Premier ministre trinidadien Stuart Young lors d’une conférence de presse. Cette révocation met fin à la licence délivrée le 18 décembre 2023 par l’Office of Foreign Assets Control (OFAC), organe du département du Trésor américain. Elle survient après une série de décisions similaires affectant plusieurs compagnies internationales opérant au Venezuela, dont Chevron, Repsol et Maurel & Prom.
Pression diplomatique et arrêt des opérations
Stuart Young a précisé qu’il n’avait reçu aucun détail supplémentaire concernant la révocation, soulignant avoir sollicité un entretien avec le secrétaire d’État américain Marco Rubio afin d’obtenir des éclaircissements. L’arrêt de ce permis compromet un projet clé pour Port-d’Espagne, qui ambitionnait de sécuriser ses capacités d’approvisionnement en gaz via un développement transfrontalier avec Caracas.
Cette décision s’inscrit dans une réorientation de la politique étrangère américaine initiée par le président Donald Trump, visant à renforcer les sanctions contre le Venezuela. Depuis février, l’administration américaine a mis fin aux dérogations qui permettaient à certaines entreprises étrangères de maintenir leurs opérations sur le sol vénézuélien, en réponse à la réélection contestée du président Nicolás Maduro en 2024.
Conséquences pour les projets offshore conjoints
Trinité-et-Tobago est le deuxième producteur de gaz naturel dans la région des Caraïbes. Ces dernières années, le pays avait noué plusieurs accords stratégiques avec le Venezuela, en collaboration avec les groupes BP et Shell. Parmi eux figure un contrat entre la société publique trinidadienne National Gas Company (NGC) et Petróleos de Venezuela S.A. (PDVSA), visant à exploiter les champs de Cocuina-Manakin sur la Plateforme Deltana.
Ces champs représentent une réserve estimée à un milliard de pieds-cubes de gaz naturel. Un autre accord, signé en 2023, concernait le développement du gisement offshore Dragon, localisé dans les eaux territoriales du Venezuela au nord-est du pays, à proximité de la frontière maritime avec Trinité-et-Tobago. Ce projet, associant Shell, visait l’extraction de 120 millions de mètres cubes de gaz pour exportation.
Répercussions économiques et tensions diplomatiques
La révocation du permis fragilise la position énergétique de Trinité-et-Tobago dans les Caraïbes, en particulier dans un contexte de diversification des sources d’approvisionnement et de renforcement de l’intégration régionale. Le champ Dragon devait renforcer l’approvisionnement en gaz naturel liquéfié (GNL) vers les marchés d’exportation, en appui aux installations trinidadiennes existantes.
Selon les autorités de Port-d’Espagne, l’interruption du projet pourrait avoir des répercussions sur les engagements contractuels et la planification des flux gaziers régionaux. Stuart Young a confirmé qu’une assistance juridique était mobilisée à Washington pour examiner les recours disponibles.