Le processus de fixation des quotas 2026 du Renewable Fuel Standard (RFS) par l’Environmental Protection Agency (EPA) prend du retard, prolongeant une incertitude stratégique sur le marché des Renewable Identification Numbers (RINs). L’administration américaine a amorcé un arbitrage complexe intégrant l’éthanol E15, les importations de matières premières, et les exemptions pour petites raffineries dans un compromis unique attendu pour 2026.
Un compromis réglementaire en construction
La proposition actuelle, dite “Set 2”, couvre les années 2026 et 2027 et introduit des volumes en hausse, une réduction des RINs générés à partir d’importations, et le retrait des eRINs liés à l’électricité renouvelable. Ce triptyque redéfinit les rapports de valeur entre filières biocarburants et renforce le risque de contentieux réglementaire. À cela s’ajoute la gestion des exemptions pour petites raffineries (Small Refinery Exemptions, SRE), un point de friction récurrent entre le secteur pétrolier et l’EPA.
Effets immédiats sur les marchés
L’incertitude sur les volumes et les mécanismes d’attribution des RINs accroît la volatilité des prix et alourdit les coûts de couverture pour les raffineurs. Les décisions d’investissement dans les capacités de production de diesel renouvelable ou de carburants avancés restent suspendues à la publication de la règle finale, les perspectives financières étant liées au triptyque volumes RFS, fiscalité (crédit 45Z) et prix des RINs.
Pression sur les chaînes logistiques et fiscales
La révision des règles de génération de crédits pour les carburants importés, combinée à un durcissement des crédits fiscaux en 2025 pour les intrants étrangers, modifie les flux d’importation de biodiesel et diesel renouvelable. Les acteurs du marché réévaluent la viabilité de leurs chaînes logistiques, notamment en ce qui concerne les huiles usagées (UCO), graisses animales et huiles de soja.
Un levier politique pour apaiser les tensions sectorielles
Les reports semblent refléter une stratégie délibérée de la Maison-Blanche pour aboutir à un compromis élargi entre les intérêts du raffinage et ceux des filières agricoles. Plusieurs réunions avec les parties prenantes ont été confirmées, dans le but d’éviter des contentieux croisés et une instabilité réglementaire susceptible d’impacter les prix à la pompe.
Impact géopolitique indirect et recomposition des alliances
Bien que les mesures actuelles ne relèvent pas d’un régime de sanctions, la décote appliquée aux intrants étrangers agit comme une barrière quasi-protectionniste. Ce biais domestique pourrait redessiner les flux transatlantiques et créer des tensions commerciales avec les principaux exportateurs de matières premières utilisées dans les biocarburants.
Des arbitrages en attente sur cinq volets clés
Les signaux réglementaires à surveiller incluent la trajectoire législative du E15, la méthode de compensation des gallons exemptés via les SRE, le calibrage final du crédit de production 45Z, les justifications juridiques des règles anti-import, et l’annonce officielle du calendrier EPA pour la règle définitive. Chaque ajustement sur ces paramètres pourrait influer fortement sur les décisions d’investissement et les équilibres contractuels du secteur.