Le Département de l’Énergie des États-Unis (DOE) a annoncé la prolongation de deux ordres d’urgence visant à stabiliser le réseau électrique de Porto Rico. Ces mesures, initialement adoptées au printemps, s’appliquent désormais jusqu’au mois de novembre et visent à renforcer la capacité de production et de transmission d’électricité sur l’île. Elles autorisent la Puerto Rico Electric Power Authority (PREPA) à déployer les unités de production nécessaires pour pallier les déficits et à poursuivre des opérations de gestion de la végétation autour des lignes à haute tension, considérées comme essentielles à la sécurité du réseau.
La décision intervient alors que Porto Rico entre dans la période la plus critique de la saison cyclonique, caractérisée par une forte demande en électricité et des risques météorologiques accrus. Le DOE estime que la prolongation des ordres d’urgence doit garantir la continuité des travaux de sécurisation du système et limiter les interruptions de service liées à la fragilité des infrastructures existantes. Selon l’Administration de l’information sur l’énergie des États-Unis (Energy Information Administration, EIA), la durée moyenne annuelle des coupures subies par les consommateurs portoricains a atteint 27 heures entre 2021 et 2024, contre environ deux heures sur le territoire continental américain, hors événements majeurs.
Une fiabilité encore mise à l’épreuve
Les statistiques de l’EIA soulignent que les interruptions liées aux événements climatiques aggravent fortement la situation. En 2024, les habitants de Porto Rico ont subi en moyenne 73 heures sans électricité, dont 43 imputables à des ouragans. En 2022, l’ouragan Fiona avait plongé l’ensemble des 1,5 million de clients dans le noir pendant plusieurs jours. La fréquence des coupures s’est également accrue : en 2024, un consommateur type sur l’île a connu 19 interruptions de service, contre 1,3 interruption pour un client sur le territoire continental en 2023.
Un système énergétique vulnérable
La structure du réseau électrique portoricain contribue à cette instabilité. L’île dépend principalement de dix unités de production fonctionnant au pétrole, au gaz naturel ou au charbon, représentant près de la moitié de sa capacité totale installée. Une panne non planifiée ou une rupture d’approvisionnement en combustible suffit à compromettre la fiabilité du système. La végétation constituant une menace récurrente pour les lignes de transmission, le DOE a ordonné la poursuite de travaux de déblaiement pour limiter les risques de coupures supplémentaires.
Ces mesures prolongées s’inscrivent dans un contexte de longue fragilité, marqué par des décennies de sous-investissements, des dettes accumulées par la PREPA et les conséquences de catastrophes naturelles successives. La durée et la fréquence des coupures continueront à être suivies par l’EIA, qui publiera la version finale de son rapport annuel sur l’industrie électrique en octobre. La mise en place de ces ordres d’urgence pose la question de leur efficacité à contenir les risques systémiques alors que l’île se prépare à affronter la phase la plus intense de la saison cyclonique.