Les gouvernements américain et ukrainien ont officialisé, lors d’une cérémonie à Washington, la signature d’un accord de partenariat économique créant un fonds d’investissement conjoint. Ce mécanisme financier vise à soutenir la reconstruction économique de l’Ukraine et prévoit des investissements directs dans des projets liés à l’extraction de ressources minières, pétrolières et gazières.
L’accord précise que les projets financés par ce fonds porteront sur le développement du secteur extractif ukrainien, sans transfert de propriété. La ministre ukrainienne de l’Économie, Ioulia Svyrydenko, a affirmé que l’État ukrainien conserve la pleine souveraineté sur ses ressources, y compris le sous-sol, et que les décisions sur l’exploitation relèveront exclusivement des autorités nationales.
Une structure financière mixte entre Kiev et Washington
Le fonds mis en place sera administré conjointement par des représentants des deux gouvernements. Il repose sur une contribution paritaire et vise à attirer des capitaux supplémentaires d’acteurs internationaux publics et privés. Le ministre américain des Finances, Scott Bessent, a souligné que cet accord constitue une réponse directe aux aides financières et militaires considérables accordées à l’Ukraine depuis 2022, estimées à plusieurs dizaines de milliards de dollars.
Ce nouveau cadre juridique et financier permet aux investisseurs américains d’obtenir un cadre de sécurité juridique pour intervenir dans des secteurs stratégiques de l’économie ukrainienne, sans pour autant inclure de mécanismes de sûreté militaire. L’accord ne contient pas de clauses de protection en cas de reprise des hostilités ou d’escalade militaire sur les zones concernées.
Négociations tendues autour du contrôle des ressources
Les négociations ayant conduit à ce document ont été marquées par des désaccords sur la nature du contrôle exercé par les États-Unis. Une première version du texte, proposée en février, avait été rejetée après un désaccord public entre les présidents Volodymyr Zelensky et Donald Trump. Une mouture amendée, jugée plus équilibrée, a finalement été acceptée après des semaines de discussions diplomatiques.
L’administration ukrainienne a insisté sur la nécessité de garantir la non-reconnaissance de toute aide passée comme dette. Le Premier ministre Denys Chmygal a précisé que l’accord n’incluait pas les financements militaires ou économiques précédents dans les obligations du gouvernement ukrainien. Ce point a été validé par la partie américaine, bien que critiqué par certains élus du Congrès aux États-Unis.
Un intérêt croissant pour les terres rares ukrainiennes
L’Ukraine est considérée comme un territoire à fort potentiel pour l’exploitation de terres rares et de métaux critiques. Toutefois, une grande partie des gisements se trouvent dans des zones actuellement sous occupation militaire russe, rendant leur exploitation complexe à court terme. Les États-Unis ont néanmoins manifesté un intérêt stratégique à long terme pour ces ressources, notamment dans une optique de diversification de l’approvisionnement.
Le président Donald Trump a affirmé que l’accès à ces ressources constituait une forme de retour pour l’effort consenti par les États-Unis. Selon le Trésor américain, la présence d’acteurs américains sur place renforcerait les perspectives économiques du pays, tout en créant un levier d’influence économique dans le contexte plus large des négociations de paix.
Impact sécuritaire et contexte militaire persistant
Peu après la signature de l’accord, l’armée russe a mené une frappe de drone sur Odessa, causant la mort de deux civils et faisant cinq blessés. L’opération s’est inscrite dans une série d’attaques visant plusieurs régions du pays, notamment les oblasts de Soumy, Kharkiv et Donetsk. Ces développements illustrent les défis persistants liés à la sécurisation des infrastructures nécessaires au déploiement de projets économiques à grande échelle.
Le texte de l’accord doit encore être ratifié par le Parlement ukrainien pour entrer pleinement en vigueur. En attendant, plusieurs acteurs économiques et diplomatiques observent de près les modalités de mise en œuvre du fonds, en particulier en ce qui concerne les conditions d’accès aux gisements et les garanties apportées aux investisseurs étrangers.