L’ambassade des États-Unis en Irak a confirmé que Washington avait mis fin à l’exemption permettant à Bagdad d’acheter de l’électricité à l’Iran, une décision qui pourrait avoir des conséquences sur la sécurité énergétique du pays. La porte-parole de l’ambassade a précisé que cette mesure vise à empêcher Téhéran de bénéficier d’un quelconque soulagement économique ou financier.
Une dépendance énergétique sous pression
Depuis 2018, l’Irak bénéficiait de dérogations lui permettant d’importer de l’électricité et du gaz iranien, malgré les sanctions américaines imposées à Téhéran. Ces importations représentent environ un tiers des besoins énergétiques du pays, qui peine à produire suffisamment d’électricité en raison de décennies de conflits et d’un réseau vieillissant. Bagdad s’est régulièrement retrouvé confronté à des interruptions de livraison, Téhéran suspendant parfois ses exportations en raison d’impayés ou de sa propre demande intérieure croissante.
Des alternatives limitées à court terme
L’économiste Yesar Al-Maleki du Middle East Economic Survey souligne que l’approvisionnement iranien n’a jamais été totalement fiable et qu’il a même atteint ses niveaux les plus bas ces trois dernières années. Avec la suppression de l’exemption américaine, l’Irak pourrait faire face à des difficultés pour répondre à la demande en électricité, notamment lors des périodes de forte consommation estivale. Pour compenser ce déficit, le pays pourrait renforcer ses importations d’électricité de Turquie ou s’appuyer sur des producteurs indépendants du Kurdistan irakien.
Vers une diversification des sources d’énergie
Le gouvernement irakien a annoncé son intention de réduire sa dépendance énergétique vis-à-vis de l’Iran et d’atteindre l’autosuffisance d’ici 2028. Ce plan prévoit notamment la fin du torchage de gaz dans les champs pétroliers pour alimenter les centrales électriques. L’ambassade américaine à Bagdad a d’ailleurs mis en avant les opportunités que représente cette transition énergétique pour les entreprises américaines, affirmant que leur expertise pourrait améliorer la productivité du secteur électrique irakien.
Une décision aux implications géopolitiques
Si cette mesure concerne uniquement l’électricité, les importations de gaz iranien par l’Irak relèvent d’une réglementation distincte et n’ont pas encore été affectées. Le gouvernement irakien se prépare néanmoins à divers scénarios, y compris l’importation de gaz naturel liquéfié via des navires. Cette décision américaine intervient dans un contexte de tensions accrues entre Washington et Téhéran, alors que les États-Unis poursuivent leur politique de « pression maximale » visant à limiter l’influence iranienne au Moyen-Orient.