Un accord intergouvernemental sur l’exploitation des ressources naturelles a été signé entre les États-Unis et l’Ukraine, instaurant un fonds d’investissement conjoint destiné à financer la reconstruction ukrainienne. Le dispositif, présenté comme équitable par Kiev et « gagnant-gagnant » par Washington, prévoit une gouvernance partagée entre les deux États et une participation directe aux flux financiers issus du sous-sol ukrainien.
Structure du fonds et modalités de gestion
Le texte prévoit la création d’un conseil d’administration composé à parts égales de représentants ukrainiens et américains. Le fonds sera alimenté par 50% des redevances générées par l’exploitation de ressources naturelles, incluant le pétrole, le gaz, les minerais et les terres rares. Les bénéfices seront réinvestis localement et aucune dette ne sera imputée à l’Ukraine au titre des aides financières américaines versées depuis 2022.
L’exécutif américain conserve la possibilité d’acquérir directement des ressources ou de désigner des tiers comme acquéreurs. Par ailleurs, toute nouvelle assistance militaire américaine sera désormais considérée comme une contribution financière à ce mécanisme.
Un levier économique face aux exigences géopolitiques
L’accord couvre 57 types de ressources, parmi lesquelles le graphite, le lithium, le titane et le manganèse. Selon le Bureau français de recherches géologiques et minières (BRGM), l’Ukraine concentre environ 20% des ressources mondiales estimées en graphite et dispose d’un important potentiel en lithium, deux matières premières cruciales pour les industries technologiques. Le pays se positionne également au 8e rang mondial pour le manganèse et au 11e pour le titane.
Malgré ce potentiel, une partie des gisements se trouvent dans des zones contrôlées par la Russie. L’exploitation à grande échelle demeure conditionnée par les enjeux sécuritaires et logistiques liés à la guerre en cours.
Absence d’engagement sécuritaire formel
Aucune clause de protection militaire n’a été incluse dans le document signé. Si Kiev a plusieurs fois exprimé la nécessité d’un engagement explicite contre de nouvelles offensives russes, les États-Unis ont opté pour une approche économique, estimant que leurs intérêts directs dans les ressources ukrainiennes constituent un élément dissuasif en soi.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a salué un accord « véritablement équitable », tandis que la ministre de l’Économie Ioulia Svyrydenko a indiqué que sa mise en œuvre nécessiterait encore plusieurs mois. Le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, a défendu l’accord en affirmant qu’il ne s’agissait pas « d’un contrat prédateur » comparable à ceux parfois critiqués dans d’autres régions.