Les autorités fédérales américaines ont franchi une étape décisive pour deux projets stratégiques de gaz naturel liquéfié (LNG, gaz naturel liquéfié). La Federal Energy Regulatory Commission (FERC, Commission fédérale de régulation de l’énergie) a confirmé l’autorisation du projet Rio Grande LNG porté par NextDecade, tandis que le Department of Energy (DOE, Département de l’Énergie) a accordé à Commonwealth LNG une licence d’exportation vers les pays sans accord de libre-échange, valable jusqu’en 2050. Ces décisions offrent une base réglementaire complète aux développeurs alors qu’ils approchent d’échéances critiques pour leurs décisions finales d’investissement (FID, Final Investment Decision).
Rio Grande LNG : extension validée et calendrier resserré
Rio Grande LNG, implanté à Brownsville au Texas, dispose déjà d’une phase initiale de 17,5 Mt/an en construction. Le projet vise une capacité totale d’environ 27 Mt/an avec deux trains supplémentaires. Bechtel, en charge de l’ingénierie et de la construction, a fixé une validité de prix jusqu’au 15 septembre 2025, ce qui place NextDecade sous contrainte de calendrier pour son FID. Le projet est alimenté par le pipeline Rio Bravo, opéré par Enbridge, capable d’acheminer jusqu’à 4,5 Gpi³/j (gigapieds cubes par jour) depuis Agua Dulce.
Sur le plan commercial, le Train 4 est entièrement couvert avec 4,6 Mt/an de volumes répartis entre Abu Dhabi National Oil Company (ADNOC), Saudi Aramco et TotalEnergies. Le Train 5 est amorcé avec un contrat de 2,0 Mt/an signé avec JERA Co., Inc. Ces accords fermes de long terme, associés à des engagements en fonds propres, renforcent la bancabilité de l’extension.
Commonwealth LNG : autorisation DOE et contrats stratégiques
Commonwealth LNG, situé en Louisiane, a obtenu son autorisation finale d’exportation du DOE vers les pays sans accord de libre-échange. Le projet vise une capacité de 9,5 Mt/an, avec six trains modulaires SnapLNG conçus par Technip Energies. Le développeur projette une première livraison de gaz liquéfié en 2029, sous réserve de décision d’investissement en 2025.
La société a sécurisé environ 4 Mt/an via des contrats long terme : 1 Mt/an avec JERA, 1 Mt/an avec Petroliam Nasional Berhad (PETRONAS) et 2 Mt/an avec Glencore International AG. Ce dernier combine également un accord de fourniture de gaz sur base « netback » avec la filiale amont de Kimmeridge, alignant le prix d’alimentation sur les conditions de marché international. Le projet prépare par ailleurs des travaux préliminaires de site afin d’accélérer l’exécution post-FID.
Un marché porteur et une vague de FID américaine
Ces avancées interviennent dans un contexte où plusieurs décisions finales d’investissement ont déjà été validées cette année aux États-Unis, dont le projet CP2 LNG de Venture Global (14,4 Mt/an), l’extension Corpus Christi de Cheniere (5 Mt/an) et le projet Louisiana LNG de Woodside (16,5 Mt/an). Ces jalons confortent la trajectoire américaine vers une nouvelle vague de liquéfaction de grande ampleur.
Les prix spot de référence restent favorables : autour de 10,7 dollars par million de British thermal units (MMBtu) pour le Title Transfer Facility (TTF) en Europe et environ 11,2 dollars/MMBtu pour le Japan Korea Marker (JKM) en Asie fin août. Ces niveaux soutiennent l’économie des exportations américaines et créent un environnement propice aux clôtures commerciales et financières des projets en développement.