Le gouvernement de Trinité-et-Tobago a reçu une licence du Département du Trésor des États-Unis pour poursuivre l’exploration du champ gazier Dragon situé dans les eaux vénézuéliennes. Cette autorisation, délivrée par l’Office of Foreign Assets Control (Ofac), marque une dérogation importante aux sanctions américaines qui restreignent les activités énergétiques impliquant le Venezuela.
Le procureur général de Trinité-et-Tobago, John Jeremie, a confirmé que cette licence permet désormais au gouvernement et à la National Gas Company (NGC) d’engager des discussions officielles avec le Venezuela. L’objectif est d’avancer sur la mise en œuvre du projet Dragon Gas, considéré comme essentiel pour soutenir la filière énergétique trinidadienne.
Un cadre réglementaire ajusté pour l’énergie régionale
Le champ Dragon renferme environ 120 milliards de mètres cubes de gaz naturel. Son développement avait été suspendu à la suite de la révocation par Washington, en avril, de plusieurs licences d’exploration et d’exploitation sur le territoire vénézuélien. La nouvelle décision de l’Ofac constitue donc une adaptation ciblée du cadre réglementaire américain dans la région, suivant un assouplissement déjà accordé à Chevron en juillet.
« Il y a trois jours, il n’y avait pas de licence, aujourd’hui il y en a une. Le projet de l’accord Dragon a pris vie », a déclaré M. Jeremie. Le gouvernement trinidadien prévoit désormais de finaliser des accords techniques et commerciaux avec ses partenaires, dont Shell, afin de garantir la conformité du projet avec les exigences légales américaines.
Un projet sous tension diplomatique
Cette décision intervient dans un contexte régional tendu, marqué par le déploiement de forces américaines dans le sud des Caraïbes. Huit navires de guerre et un sous-marin à propulsion nucléaire ont été stationnés près des côtes du Venezuela dans le cadre d’opérations contre le narcotrafic. Ces mouvements militaires, salués par Port-d’Espagne, ont cependant été perçus à Caracas comme une manœuvre hostile.
La Première ministre de Trinité-et-Tobago, Kamla Persad-Bissessar, a exprimé son soutien à la présence américaine et a rencontré le secrétaire d’État Marco Rubio pour évoquer les relations énergétiques et sécuritaires bilatérales. Lors de son intervention aux Nations unies, elle a salué « l’efficacité de la présence américaine dans la lutte contre les cartels de drogue dans la région ».
Perspectives économiques et réglementaires
Deuxième producteur caribéen de gaz naturel, Trinité-et-Tobago espère renforcer sa sécurité énergétique et relancer son économie, affaiblie par une récession prolongée. Près de 20% de sa population vit sous le seuil de pauvreté, et le développement du champ Dragon représente une opportunité stratégique de relance des exportations de gaz naturel liquéfié (GNL).
Les discussions à venir entre Port-d’Espagne, Caracas et les partenaires industriels s’annoncent déterminantes pour encadrer juridiquement la reprise des opérations. Le projet Dragon pourrait devenir un modèle de coopération régionale encadrée par des régulations américaines strictes, tout en contribuant à redéfinir l’équilibre énergétique des Caraïbes.