L’administration américaine a renoncé à sa proposition de suspendre les licences d’exportation de gaz naturel liquéfié (GNL) pour les opérateurs qui ne respecteraient pas l’obligation d’utiliser des navires battant pavillon américain. Cette décision supprime la mesure jugée la plus pénalisante du plan initialement présenté en mars, qui visait à réduire la dépendance aux services maritimes étrangers, notamment chinois, tout en relançant l’industrie navale nationale.
Des inquiétudes persistantes sur la faisabilité technique
Malgré ce retrait partiel, le secteur du GNL reste préoccupé. Le Centre pour le gaz naturel liquéfié (Center for Liquefied Natural Gas), principal groupe de pression de l’industrie, affirme que les délais imposés restent incompatibles avec les capacités industrielles actuelles des chantiers navals américains. « C’est plus problématique que la suspension des permis », a déclaré Charlie Riedl, directeur exécutif du centre, lors d’un forum à La Nouvelle-Orléans.
Le calendrier progressif annoncé par l’Office du représentant américain au commerce (USTR) impose dès 2028 que 1 % des exportations de GNL soient transportées par des navires battant pavillon et opérés depuis les États-Unis. En 2029, la même proportion devra être assurée par des navires également construits sur le territoire américain. Le seuil grimpera à 2 % en avril 2031, pour atteindre jusqu’à 15 % en 2047.
Des capacités de construction jugées insuffisantes
Selon Riedl, aucune infrastructure actuelle ne permettrait de construire les navires requis dans les délais impartis. Les principaux chantiers navals américains sont saturés par les commandes militaires, avec d’importants retards déjà enregistrés. « Il nous serait impossible de faire construire un méthanier dans le temps imparti, même avec la perspective la plus éloignée du calendrier », a-t-il ajouté.
Les restrictions maritimes impacteraient des projets déjà opérationnels, contrairement au moratoire sur les permis d’exportation, levé cette année, qui visait uniquement les projets en cours de développement. Rick Smead, directeur général des services de conseil chez RBN Energy, a souligné l’incohérence des objectifs entre la volonté de promouvoir les exportations de GNL et celle de restreindre l’usage de navires étrangers.
Des tensions commerciales en toile de fond
Ces exigences s’inscrivent dans le cadre d’une enquête plus large menée en vertu de la Section 301 du Trade Act of 1974, visant les ambitions chinoises dans les secteurs maritime et logistique. Dans ce contexte, des frais ont été imposés en avril aux opérateurs chinois, entraînant des mesures de rétorsion incluant des taxes portuaires sur les navires liés aux États-Unis.
L’USTR a également proposé une exemption partielle de ces restrictions pour certains transporteurs d’éthane et de gaz de pétrole liquéfié (GPL) opérant sous contrats longue durée. Le gouvernement affirme suivre de près la disponibilité de navires compatibles avec les nouvelles normes, tout en s’engageant à soutenir la compétitivité du secteur américain du GNL et l’expansion de sa filière navale.