Le Département de l’Énergie des États-Unis (Department of Energy, DOE) a annoncé la création d’un consortium rassemblant des acteurs du nucléaire pour développer la production nationale d’uranium enrichi. Cette initiative repose sur le recours au Defense Production Act (DPA), un cadre juridique permettant d’organiser des accords volontaires avec les entreprises afin de sécuriser des ressources jugées critiques pour la sécurité nationale. L’objectif affiché est de constituer une chaîne d’approvisionnement fiable en combustible nucléaire, notamment en uranium faiblement enrichi (LEU) et en uranium faiblement enrichi à haut taux d’assayage (HALEU).
Réduction de la dépendance extérieure
Les États-Unis dépendent encore largement de l’étranger pour les étapes de conversion et d’enrichissement de l’uranium. La Russie a longtemps été un fournisseur majeur de combustible, en particulier pour le HALEU, enrichi jusqu’à 20 % d’uranium-235, essentiel pour le développement des réacteurs de nouvelle génération. Une loi fédérale prévoit désormais l’arrêt des importations d’uranium enrichi russe à compter de 2027, ce qui accentue la pression sur les capacités industrielles américaines et européennes.
Un mécanisme de coordination encadré
Le recours au DPA offre aux entreprises participant au consortium une protection vis-à-vis des règles antitrust, dès lors que leurs actions s’inscrivent dans les priorités nationales de sécurité énergétique. Le DOE a précisé que la sélection des membres du consortium serait finalisée dans les prochaines semaines, avec une première réunion programmée pour le mois d’octobre. Les sociétés retenues devront démontrer des avancées concrètes dans la mise en place de capacités d’approvisionnement en LEU et en HALEU.
Capacité industrielle et financements publics
Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, plusieurs entreprises occidentales de l’amont du cycle du combustible nucléaire ont présenté des projets d’expansion de capacités aux États-Unis et en Europe. Le gouvernement américain a déjà réorienté plus de 2,7 milliards de dollars de financements fédéraux pour soutenir le développement d’installations d’enrichissement. Le DOE considère toutefois que ces mesures demeurent insuffisantes pour garantir l’autonomie énergétique, justifiant le lancement de ce nouvel outil de coordination.
Précédents et implications
Le DPA avait déjà été utilisé pour encadrer des coopérations industrielles lors de la pandémie de 2020, notamment dans le secteur de la santé afin de sécuriser l’accès aux équipements essentiels. En l’appliquant désormais à l’énergie nucléaire, les autorités américaines cherchent à prévenir un déficit d’approvisionnement qui affecterait la production électrique, alors que la demande croît avec l’essor des centres de données et des besoins en électricité bas-carbone. Cette démarche interroge sur la rapidité avec laquelle les industriels pourront développer de nouvelles capacités face à un calendrier contraint.