Les États-Unis ont annoncé un report de près de deux mois pour la cessation des opérations de la société pétrolière Chevron Corporation au Venezuela, allongeant jusqu’au 27 mai l’exemption de sanctions en vigueur. Cette décision du département du Trésor américain intervient alors que la pression politique autour du commerce énergétique avec le Venezuela s’intensifie, notamment après les récentes déclarations de Donald Trump sur l’imposition de tarifs douaniers.
Un délai stratégique dans un climat géopolitique tendu
La licence en question, initialement prévue pour expirer le 3 avril, autorise Chevron à poursuivre ses activités dans le secteur pétrolier vénézuélien, malgré les sanctions économiques réinstaurées par les États-Unis depuis 2019. Selon le département de l’Économie, ce sursis permettrait une gestion plus ordonnée du retrait progressif de l’entreprise, qui représente l’un des derniers acteurs occidentaux encore présents sur le territoire.
La prolongation de l’autorisation intervient alors que Donald Trump, candidat déclaré à la présidentielle de 2024, a annoncé sur le réseau Truth Social qu’à compter du 2 avril, tout pays important du pétrole ou du gaz du Venezuela serait soumis à des droits de douane de 25 % sur toutes ses exportations à destination des États-Unis. Cette menace douanière vise directement les partenaires commerciaux de Caracas, dont la Chine, l’Inde et l’Espagne.
Pressions commerciales et intérêts énergétiques
Chevron est engagée au Venezuela dans le cadre d’accords de coentreprise avec la société d’État Petróleos de Venezuela S.A. (PDVSA), qui ont vu leur production redémarrer partiellement à la suite d’un allègement temporaire des sanctions décidé par l’administration de Joe Biden en mai 2022. Cette mesure faisait suite à une tentative de relancer le dialogue avec le gouvernement de Nicolás Maduro, resté au pouvoir malgré les sanctions et une élection présidentielle controversée en 2018.
D’après des données consultées par AFP, le Venezuela a exporté en février près de 500 000 barils par jour vers la Chine, 240 000 vers les États-Unis, et 70 000 vers l’Inde et l’Espagne. Ces flux commerciaux demeurent cruciaux pour l’économie vénézuélienne, lourdement affectée par les sanctions internationales et l’instabilité politique intérieure.
Rencontres à huis clos et silence stratégique
La semaine dernière, The Wall Street Journal a rapporté que le directeur général de Chevron, Mike Wirth, avait rencontré Donald Trump pour discuter de la situation de la société au Venezuela. Aucune information officielle n’a été publiée à l’issue de cet échange. Sollicitée par AFP, Chevron n’a pas souhaité faire de commentaire sur la prolongation de la licence ni sur l’éventuel impact des droits de douane projetés.