La société pétrolière et gazière serbe Naftna Industrija Srbije (NIS), détenue en majorité par des entités russes, bénéficie d’un sixième report des sanctions économiques américaines, selon une annonce du ministère serbe de l’Énergie relayée le 27 août par Connaissance des Énergies avec AFP. Le report de 30 jours, valable jusqu’au 26 septembre, a été accordé par le département du Trésor des États-Unis, dans le cadre des mesures prises à l’encontre de sociétés liées au secteur énergétique russe.
NIS est visée depuis janvier par les sanctions mises en place par l’administration du président Joe Biden, peu avant la passation de pouvoir à Donald Trump. Le groupe contrôle la seule raffinerie de Serbie, située à Pancevo, qui alimente près de 80% du marché national. L’entreprise emploie environ 13 500 personnes et gère un réseau de plus de 400 stations-services dans les Balkans.
Gazprom détient une participation majoritaire
Le capital de NIS est réparti entre Gazprom Neft (environ 45%), la société mère Gazprom (11%), le gouvernement serbe (près de 30%) et des actionnaires minoritaires. Cette structure actionnariale fait de NIS un acteur central mais vulnérable, dans un contexte de sanctions occidentales ciblant l’énergie russe.
En 2024, NIS a généré un chiffre d’affaires d’environ €3,3 milliards ($3,67bn), mais a clôturé l’exercice avec une perte nette de €153mn ($170mn). Malgré ces difficultés, la ministre serbe de l’Énergie, Dubravka Djedovic Handanovic, a déclaré que les sursis successifs avaient permis à la Serbie de maintenir sa stabilité énergétique.
Un réseau d’intérêts régionaux
La prolongation du sursis pourrait également s’expliquer par des considérations géopolitiques régionales. Selon plusieurs médias locaux, la Hongrie, où la Serbie stocke une partie de ses réserves de gaz naturel, aurait soutenu la demande serbe. La Croatie joue également un rôle stratégique, NIS important le pétrole brut par un oléoduc exploité par la compagnie publique croate Janaf, dont elle est le principal client.
Dans un contexte énergétique encore dépendant des livraisons russes, la Serbie poursuit ses négociations pour renouveler un accord de fourniture de gaz avec la Fédération de Russie. Le directeur de la compagnie nationale Srbijagas, Dusan Bajatovic, a récemment indiqué qu’un contrat de trois ans devrait être signé en septembre, permettant l’importation de jusqu’à 2,5 milliards de mètres cubes de gaz par an.
Belgrade mise sur un accord global
Le gouvernement serbe a affirmé qu’il continuerait de mener un dialogue actif avec les autorités américaines et russes pour sortir NIS de la liste des entités sanctionnées. Selon la ministre Djedovic Handanovic, Belgrade espère qu’un accord global entre Washington et Moscou sur les sanctions permettra de régler durablement la situation de la société.