Le ministre des Affaires étrangères du Nigeria, Yusuf Maitama Tuggar, a effectué une visite officielle à Niamey, le 16 avril 2025, dans un climat diplomatique tendu. Ce déplacement est survenu après un an de tensions entre le Niger et son voisin nigérian, exacerbées par le coup d’État de juillet 2023 au Niger. Ce fut la deuxième visite d’un haut responsable nigérian depuis le putsch, après celle du chef d’état-major des armées, Christopher Musa, en août 2024.
Coopération économique et projets d’infrastructure
Les discussions entre Yusuf Maitama Tuggar et Yaou Sangaré Bakary, son homologue nigérien, ont principalement porté sur la coopération économique et les défis sécuritaires transfrontaliers. Un projet phare évoqué lors des pourparlers a été le chemin de fer reliant le Nigeria et le Niger. Ce projet devrait relier les villes nigérianes de Kano, Katsina et Jibiya à Maradi, au Niger, avec une mise en service prévue pour 2026. Ce projet s’inscrit dans un programme plus large visant à renforcer les échanges commerciaux entre les deux pays.
Les deux ministres ont également abordé la construction de l’autoroute transsaharienne et du gazoduc transsaharien. Ces infrastructures sont jugées cruciales pour dynamiser les relations économiques entre les deux nations et faciliter les échanges commerciaux avec l’Europe et le reste du continent africain. La question des droits de douane et de la fiscalité a également été discutée, dans un objectif de fluidifier le commerce transfrontalier.
Enjeux sécuritaires et coopération régionale
L’aspect sécuritaire a également occupé une place centrale dans les échanges. Les deux ministres ont exprimé leurs préoccupations concernant la menace terroriste qui sévit le long de leurs frontières communes. Ils ont convenu que cette menace constitue un obstacle majeur à la mise en œuvre de projets de développement communs. L’insécurité dans la région sahélienne, exacerbée par des groupes djihadistes, a conduit à une intensification des mesures de coopération en matière de sécurité.
Les tensions politiques entre les deux pays ont également influencé les discussions. Le ministre nigérian, Mohammed Idris, a réitéré les demandes de libération de l’ex-président nigérien Mohamed Bazoum, toujours retenu par la junte militaire depuis son renversement en 2023. Le Niger, après son retrait de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), a renforcé ses liens avec le Burkina Faso et le Mali, formant l’Alliance des États du Sahel (AES) et se rapprochant de la Russie.