Le groupe français Vinci, actif dans les secteurs du bâtiment, de l’énergie et des concessions, a officialisé jeudi un changement majeur à sa tête lors de son assemblée générale annuelle. Après près de vingt ans à la direction générale, Xavier Huillard a cédé ses fonctions à Pierre Anjolras, marquant une transition planifiée et progressive au sein du groupe coté au CAC40. M. Huillard, qui approche de son 71e anniversaire, demeure président du conseil d’administration jusqu’à l’assemblée générale de 2026.
Une stratégie de diversification et d’internationalisation
Depuis sa prise de fonctions en 2006, puis sa nomination comme président-directeur général en 2010, Xavier Huillard a repositionné Vinci comme un acteur international central. Il a renforcé la stratégie de concessions, notamment dans les domaines autoroutiers et aéroportuaires, tout en développant de nouvelles lignes d’activité autour de l’énergie. Ce virage s’est concrétisé en 2021 avec l’intégration de Cobra IS, filiale chargée des installations solaires et d’infrastructures électriques.
Le modèle économique du groupe repose sur un équilibre entre les revenus à court terme issus de la construction et les rentes générées par la gestion à long terme des infrastructures. Les concessions autoroutières représentent 43 % du résultat net pour seulement 9 % du chiffre d’affaires, une configuration qui suscite des critiques en France, mais que M. Huillard défend comme économiquement durable.
Le défi du renouvellement des concessions autoroutières
Sur le plan international, Vinci est devenu le premier opérateur privé d’aéroports dans le monde, avec 72 plateformes réparties dans 14 pays, notamment au Japon et au Royaume-Uni. Ce développement est le fruit de rachats stratégiques, dont celui de l’aéroport de Gatwick en 2018, suivi récemment de celui d’Édimbourg. En parallèle, la part du chiffre d’affaires réalisée en France a baissé à 42 %, contre 66 % lors de la prise de fonctions de M. Huillard.
La nomination de Pierre Anjolras, validée à 99,35 % par les actionnaires, ouvre une nouvelle phase pour le groupe. M. Anjolras, 59 ans, avait supervisé la fusion d’Eurovia avec Vinci Construction avant de devenir directeur général opérationnel en mai 2024. Il n’a pas pris la parole jeudi, mais sa prise de fonctions effective est prévue pour le 1er mai, date à laquelle les fonctions de président et de directeur général seront officiellement dissociées.
Perspectives et continuité de gouvernance
Parmi les principaux enjeux à venir figurent les négociations autour du renouvellement des concessions autoroutières en France, dont les premières expirations sont attendues à partir de 2031. Le dossier de la gestion de l’aéroport de Nantes, suspendu depuis l’abandon du projet de Notre-Dame-des-Landes, reste également ouvert. Vinci espère une décision d’ici octobre 2026.
Lors de son discours d’adieu, Xavier Huillard a souligné l’importance de trois tendances ayant guidé la transformation du groupe : la mobilité, l’urbanisation croissante et l’électrification des usages. Selon lui, « cette belle machine génère son propre combustible », illustrant la solidité du modèle intégré du groupe.