Le gouvernement du Vietnam a promulgué le décret 135/2024/ND-CP le 22 octobre, introduisant des règles encadrant la vente des excédents d’énergie solaire au réseau national. Cette nouvelle législation s’inscrit dans le cadre des efforts du pays pour promouvoir les énergies renouvelables et clarifier l’utilisation de l’énergie solaire à autoconsommation, notamment pour les particuliers, les zones industrielles, et les installations de production.
Selon ce décret, les systèmes solaires d’une capacité installée supérieure à 1 MW pourront vendre jusqu’à 20% de leur production excédentaire au réseau, à condition d’obtenir une licence d’exploitation. Toutefois, les particuliers et organisations disposant de systèmes de moins de 100 kW ou non connectés au réseau sont exemptés de cette obligation, à condition qu’ils possèdent des dispositifs anti-retour.
Limitation et impact pour les acteurs industriels
Bien que cette mesure soit saluée comme un pas en avant pour favoriser l’autosuffisance énergétique et l’utilisation de l’énergie verte, certains acteurs industriels et commerciaux estiment que la limite de 20% pourrait ralentir la croissance de l’adoption des systèmes solaires à grande échelle. Le secteur industriel, en particulier, pourrait être freiné dans ses investissements en raison de ce plafond, limitant ainsi la rentabilité des installations.
Phu Nguyen, directeur de conférence pour la région Asie-Pacifique chez Terrapin, souligne que « bien que le décret 135 représente une avancée importante pour la production d’énergie verte autonome, le seuil d’une capacité de 1 MW pour obtenir une licence pourrait constituer à la fois une mesure de sécurité et un obstacle potentiel ».
Défis pour les secteurs commerciaux et industriels
Pour Miguel Angel Ferrer, directeur des investissements chez VIoT Group, le modèle de limitation des excédents pourrait décourager l’adoption de l’énergie solaire dans les secteurs industriels et commerciaux, ceux-ci étant pourtant essentiels pour la transition énergétique. « Les secteurs industriel et commercial, qui sont des moteurs importants de la croissance des énergies renouvelables, pourraient trouver ce plafonnement de 20% restrictif, ce qui les pousserait à explorer d’autres marchés ou à retarder leurs investissements », a-t-il déclaré.
Révision des politiques et perspectives d’avenir
Les experts du secteur recommandent au gouvernement de réexaminer ce plafond à l’avenir afin de ne pas freiner les objectifs nationaux en matière de transition énergétique. Selon Ferrer, pour rester compétitif face aux autres pays de la région et attirer davantage d’investissements, le Vietnam devra faire preuve de flexibilité dans ses limites d’exportation et offrir des mécanismes de tarification plus transparents.
En outre, la tarification actuelle, bien qu’elle contribue à la stabilité du marché, pourrait entraver la croissance des projets solaires à grande échelle, qui sont essentiels pour atteindre les objectifs énergétiques à long terme du Vietnam.