Une pénurie de gaz pourrait toucher l’Europe dès cet hiver. Depuis l’invasion de l’Ukraine, l’Europe a pris des sanctions punitives contre les hydrocarbures russes. En cherchant à s’en défaire, l’Europe se rend compte qu’elle risque de manquer de gaz pour la saison hivernale à venir.
Une pénurie de gaz en Europe dès cet hiver?
Suite aux sanctions imposées par l’Europe à la Russie, l’UE connaît une forte baisse de l’approvisionnement russe. Pour éviter une pénurie de gaz en Europe, certaines entreprises changent de stratégie. À titre d’exemple, Uniper cherche des alternatives. Ainsi, elle souhaite se détourner du GNL australien pour favoriser celui en provenance des États-Unis.
Tamir Druz, directeur général de Capra Energy, explique:
« En échangeant ses cargaisons australiennes contre des approvisionnements en provenance des États-Unis, Uniper réduirait ses voyages de livraisons d’au moins 10 jours. »
La réduction du flux de gaze russe vers l’Europe ne fait qu’augmenter la crainte d’une pénurie de gaz. Dernièrement, la question de Nord Stream 1 inquiète. Les désaccords autour de la turbine du pipeline n’arrange pas la situation. Ainsi, un négociant basé en Alelmagne explique:
« C’est ce qui se passe en ce moment. Même si les stocks sont pleins, cela pourrait devenir difficile si l’hiver se refroidit ou si la Russie réduit encore son offre. »
L’Europe cherche des alternatives
Pour éviter une pénurie de gaz, l’Europe déploie de nombreux efforts afin de trouver d’autres lignes d’approvisionnement pour l’hiver. Par crainte de l’arrêt total de l’approvisionnement russe, l’UE élabore des plans d’urgence.
En conséquence, l’IEA revoit à la hausse ses prévisions quant à la demande de pétrole. La demande devrait atteindre 2,1 millions de b/j. L’IEA déclare:
« Les membres de l’UE se sont engagés à réduire leur demande de gaz de 15% entre août 2022 et mars 2023. Nous estimons que cela augmentera la consommation de pétrole d’environ 300.000 b/j pour les six prochains trimestres ».
De fait, cette hausse de la demande s’explique par la flambée du prix du gaz. Certaines industries remplacent le gaz par le pétrole. L’IEA ajoute:
« Alors que plusieurs régions connaissent des canicules torrides, les dernières données confirment une augmentation de la consommation de pétrole dans la production d’électricité, notamment en Europe et au Moyen-Orient, mais aussi dans toute l’Asie. »
Un rationnement inévitable
La demande européenne a été fortement impactée par les prix qui atteignent des records. Certains pays européens, pour éviter une pénurie de gaz, encouragent les ménages et entreprises à économiser l’énergie. Ainsi, à titre d’exemple, l’Italie impose des taux minimum et maximum pour le chauffage et la climatisation. Un rationnement de l’énergie semble inévitable.
Selon un négociant britannique:
« Je pense que c’est la pénurie d’approvisionnement qui a provoqué cette réaction. »
En revanche, le rationnement n’a jusque-là pas permis d’atténuer les prix du marché. Le manque de gaz de l’Europe pourrait alors être traité par les utilisateurs eux-mêmes, en décidant de rationner leur consommation.
En Autriche, un négociant commente:
« Peut-être verrons-nous un rationnement, mais cela entraînerait des discussions sur la responsabilité. Sur cette base, je ne pense pas…mais qui aurait pensé que nous atteindrions 200 €/MWh. »
Une pénurie de gaz qui impacte le prix du gros
Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’économie européenne a subi de graves conséquences. L’interruption partielle des exportations de gaz naturel russe place l’Europe dans une situation de pénurie de gaz. De plus, la perspective d’un arrêt total de l’approvisionnement a engendré une hausse des prix. Les gouvernements et entreprises tentent d’atténuer le choc.
Jusqu’à présent, la consommation totale de gaz a diminué de seulement 9%, alors que l’approvisionnement en gaz russe, a diminué de 60%.
L’IMF déclare:
« Selon notre étude, il serait possible à court terme, en recourant à d’autres sources d’approvisionnement et d’énergies de faire face à une réduction des livraisons de gaz russe jusqu’à 70%, étant donné la baisse de la demande causée par des prix précédemment élevés. »
Une situation inédite?
La flambée des prix semble alors se poursuivre. Une question demeure: jusqu’où les prix peuvent-ils grimper? Il est alors possible de revenir en arrière afin de mieux comprendre la situation. Pour ce faire, étudions l’exemple de 2018 et de 2021.
À cette époque, peu avant l’hiver, les acheteurs du Royaume-Uni ont fortement contribué à la hausse des prix. En 2021, le NPB Winter gagne 84% en 1 mois. Ainsi, le 30 septembre 2021, il atteint 236,30 p/th, un record historique.
Ainsi, les négociants Citigroup avaient estimé un sommet à 100$/MMBTu durant l’hiver 2021. Cette estimation s’est finalement réalisée en mars. Le 7 mars, le prix du NBP front-month a atteint un record intraday de 800 p/th.
Ces périodes d’avant-saison sont similaires en Europe et au Royaume-Uni. En effet, les deux pays concurrencent sur la même offre mondiale de GNL.
Les exportations russes étaient très fluctuantes et le manque de gaz en Europe en découle. L’accord de transport de 2020 avec l’Ukraine a entraîné une chute des exportations. En 2022, c’est l’invasion de l’Ukraine par la Russie qui a fait chuter les exportations.
De plus, un conflit sur la maintenance de 3 turbines de Nord Stream 1 perturbe encore plus l’approvisionnement. Les mesures restrictives de l’UE, prolongées de six mois, ne risquent pas d’atténuer le problème.