Trente ans après avoir quitté l’Union soviétique, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie sont restés dépendantes de la Russie. Moscou assure une partie considérable de l’approvisionnement en électricité des pays baltes. Malgré leur adhésion à l’Union européenne en 2004, ces derniers restent tributaires des réseaux et des approvisionnements gaziers russes.
Dans le contexte de la guerre en Ukraine, l’UE s’inquiète de cette dépendance énergétique à la Russie. Cette crainte s’est accrue après des réductions des livraisons de gaz à certains pays européens. La situation est préoccupante pour les États baltes. Dans le cadre des sanctions européennes, la Lituanie a bloqué l’acheminement de marchandises vers Kaliningrad. Ainsi, le ton est monté entre Vilnus et Moscou. On craint une éventuelle coupure des réseaux énergétiques par la Russie.
L’Europe et les pays baltes déjà préparés
Pour répondre à cette situation, les opérateurs de réseaux européens se disent prêts à activer un plan d’intégration à long terme. Il permettrait aux pays baltes d’accéder au système de l’UE. Ce projet n’est pas nouveau. Une intégration au réseau européen décentralisé de réseaux électriques (ENTSO-E) était déjà prévue d’ici 2025.
Aujourd’hui, l’ENTSO-E est en capacité d’activer immédiatement les plans d’urgence qu’il a élaborés. Malgré la décentralisation du système européen, les différents gestionnaires des pays européens pourraient ainsi apporter leur aide.
En mars, l’UE et l’Ukraine ont déjà relié leurs réseaux. À l’origine, les États baltes n’étaient censés se déconnecter des réseaux russes qu’après une série d’investissements, soutenue par l’UE à hauteur de 1,6 milliard d’euros. Ils devaient permettre une modernisation des infrastructures. Pour autant, des sources déclarent que les États baltes peuvent déjà faire face à la situation. Néanmoins, l’état actuel des infrastructures pourrait entrainer une hausse des prix de l’électricité.
En 2021, la Lituanie a relié son réseau électrique de la Baltique à celui de la Pologne, membre d’ENTSO-E. Ce succès a permis la mise en place de la connexion LitPolLink. De cette manière, les pays baltes peuvent recevoir une aide d’urgence. Ils accèdent également aux réseaux européens continentaux.
Un porte-parole de Litgrid explique:
« Nous coordonnons notre action avec nos partenaires régionaux et sommes prêts à assurer une alimentation électrique fiable dans tous les scénarios. »
Le calme relatif de la Russie
De l’autre côté, un retrait des pays baltes du système russe aurait des répercussions sur Kaliningrad. L’enclave, isolée entre la Lituanie, la Pologne et la mer Baltique, devra alors gérer son réseau de manière indépendante.
La Russie a pourtant annulé un test visant à préparer cette éventualité. Elle en profite pour affirmer son engagement à respecter ses contrats d’approvisionnement énergétique. Par ailleurs, elle justifie les réductions de livraisons de gaz par un retour tardif d’équipements, mettant la faute sur une société allemande.