Venture Global, deuxième exportateur de gaz naturel liquéfié (GNL) aux États-Unis, a enregistré une baisse de près de 20 % de son action, alimentée par une décision arbitrale défavorable dans le différend l’opposant à BP. Le tribunal arbitral a estimé que l’entreprise avait violé ses obligations contractuelles en retardant la déclaration de mise en service commerciale de son terminal Calcasieu Pass, situé en Louisiane.
Des milliards de dollars en jeu pour d’autres clients
Ce revers judiciaire intervient dans un contexte de tensions croissantes avec d’autres acheteurs de long terme. Selon le rapport annuel 2024 de Venture Global, plusieurs clients, dont Shell, Edison, Galp, Repsol et Orlen, ont engagé des procédures d’arbitrage pour réclamer plus de $4bn en compensations. Ces demandes sont principalement liées aux livraisons reportées de GNL, la société ayant privilégié des ventes sur le marché spot plus rémunératrices avant la mise en service officielle du site.
Bien que Shell ait perdu un précédent arbitrage contre Venture Global, la décision en faveur de BP ravive les doutes sur l’issue des autres contentieux. BP réclame plus de $1bn en dommages-intérêts, auxquels pourraient s’ajouter des frais et intérêts, un montant définitif devant être tranché lors d’une audience séparée prévue en 2026.
Des conséquences financières et contractuelles potentielles
Venture Global a déjà averti que des pertes en arbitrage pourraient entraîner des pénalités financières substantielles, voire l’accélération du remboursement de certaines dettes liées à ses projets de GNL. L’entreprise a toutefois précisé qu’aucun plaignant n’avait demandé la résiliation de son contrat à ce jour.
Le différend repose sur l’interprétation des clauses contractuelles, notamment autour du statut opérationnel de Calcasieu Pass. La société affirme que le terminal n’a pas encore atteint l’étape opérationnelle commerciale, ce qui, selon elle, retarde l’entrée en vigueur des contrats long terme. Le tribunal arbitral, quant à lui, a jugé que Venture Global n’avait pas agi de manière « raisonnable et prudente » dans la déclaration de l’état opérationnel.
Des incertitudes persistantes sur le marché du GNL
La dégringolade boursière, qui pourrait effacer jusqu’à $6bn de valorisation, s’ajoute à une chute de plus de 58 % depuis l’introduction en Bourse de l’entreprise en janvier. Ce contexte suscite des inquiétudes chez les investisseurs, en particulier sur la gestion contractuelle des grands projets GNL face à une demande mondiale en expansion.
Des analystes évoquent des différences de rédaction contractuelle pouvant expliquer les issues divergentes des arbitrages, notamment entre le contrat de BP, jugé plus restrictif, et ceux d’autres partenaires. Edison et Repsol ont confirmé leur volonté de poursuivre leurs procédures arbitrales. Orlen, de son côté, a simplement indiqué que la procédure était toujours en cours.
Venture Global a déclaré qu’elle continuerait de défendre vigoureusement sa position juridique et évaluait toutes les options disponibles.