Le groupe énergétique suédois Vattenfall a annoncé mardi envisager la construction de petits réacteurs nucléaires en Suède afin de répondre à une demande croissante en électricité, signalant une possible relance de l’atome dans le pays nordique.
Le groupe détenu par l’Etat suédois a lancé “une étude pilote” portant sur la construction d’au moins deux petits réacteurs modulaires à la centrale nucléaire de Ringhals, dans le sud-ouest du pays, indique-t-il dans un communiqué.
La Suède a réduit de douze à six le nombre de ses réacteurs en activité depuis 1999, avec quatre fermetures rien que sur la période 2016-2020, sur fond d’atermoiements politiques au sujet de l’avenir du nucléaire civil dans le pays.
Un premier SMR d’ici 2030 ?
“Sous réserve que l’étude pilote conclue que ce serait rentable et que toutes les autres conditions d’une décision d’investissement future soient réunies”, il serait possible d’avoir un premier petit réacteur modulaire opérationnel d’ici début 2030, selon la patronne du groupe Anna Borg.
Contrairement aux réacteurs traditionnels, la construction des petits réacteurs modulaires, dits SMR (“small modular reactors”) reste relativement simple. Il est possible de les fabriquer en série en usine puis de les transporter sur le lieu de leur exploitation. D’une puissance ne dépassant pas les 300 mégawatts (contre plus de 1.000 MW pour les réacteurs nucléaires classiques), il est possible de les regrouper pour augmenter leur puissance.
Les tensions sur le marché de l’électricité puis les bouleversements du marché de l’énergie provoqués par la guerre en Ukraine ont relancé le débat sur l’avenir de la politique énergétique en Suède, comme ailleurs en Europe. La question s’annonce comme un des points importants de la campagne pour les élections législatives de septembre.
Lu nucléaire, enjeu des élections législatives suédoises
Dans un pays doté d’un parc électrique parmi les moins émetteurs en CO2 en Europe, le nucléaire représente actuellement environ 30% de la production en électricité, selon l’Autorité suédoise de sûreté radiologique. Dans les années 1980, un référendum consultatif avait soutenu une sortie progressive de l’atome civil. Depuis 1985, le pays n’a pas mis de réacteur en service.
Les sociaux-démocrates, actuellement au pouvoir, s’opposent à de nouvelles centrales. Toutefois, ils ont donné des signaux plus positifs ces derniers mois en validant en début d’année la création d’un centre de stockage définitif de déchets nucléaires.
La semaine dernière, le ministre de l’Energie, Khashayar Farmanbar, avait annoncé la révision de la réglementation en matière d’énergie nucléaire, soutenant que le nucléaire était “une partie importante de la production d’électricité de la Suède”.
La droite et l’extrême droite plaident quant à elles pour des investissements rapides dans des nouveaux réacteurs nucléaires.