L’urgence climatique pousse l’Union Européenne à mettre en place un paquet “Fit for 55″ de réduction de ses émissions carboniques. Cette année 2021 pourrait être une nouvelle année pivot avec comme point culminant la COP26 à Glasgow en novembre prochain.
Quel rôle pour l’Europe face à l’urgence climatique ?
L’urgence climatique a déjà poussé l’UE à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 25% depuis 1990. Le passage d’une économie industrialisée à une économie de services a notamment joué un rôle important.
Mais l’émergence des énergies renouvelables et le remplacement d’une grande partie des capacités de charbon par le gaz ont joué pour beaucoup. Désormais, le taux annuel de réduction d’émissions de carbone en Europe doit doubler pour atteindre 55% de réduction de CO2 d’ici à 2030.
Financer massivement la transition
Les possibilités d’investissement dans les énergies à émission de carbone nulle ou faible sont énormes et attirent déjà de nombreux investisseurs. L’UE et les États membres ont aligné autant que possible les mesures de stimulation économique dû à la pandémie sur des projets de décarbonation. À l’avenir, les gouvernements chercheront probablement à attirer les investissements privés par des mesures incitatives, à l’image de ce qui a été fait pour les énergies renouvelables.
De plus, l’UE souhaite que les financements soient concentrés sur des opportunités qui répondent vraiment à l’urgence climatique. Sa taxonomie pour les activités durables est conçue pour favoriser le flux de capitaux vers des activités alignées sur ces enjeux.
Améliorer le système d’échange de quotas carbone
Au cours des derniers mois, le prix des quotas carbones européens a augmenté de 30% pour atteindre le niveau record de 44 euros/tonne. Mais le système actuel d’échange de quotas (SEQE) ne s’applique pas à de nombreux secteurs à forte émission de CO2. L’UE doit donc revoir ses plans si elle veut atteindre ses objectifs.
La hausse des prix du carbone est notamment essentielle pour inciter les secteurs comme l’acier et le ciment à réduire leurs émissions. Cela contribuera également à stimuler les investissements dans des technologies prometteuse comme l’hydrogène à faible teneur en carbone et le captage et le stockage du carbone. L’UE a en ce sens prévu une stratégie hydrogène.
Éviter les fuites de carbones par le système d’ajustement aux frontières
Les industries à forte émission qui ont évité les coûts du carbone jusqu’alors devront assumer le coût total de leurs émissions. Le mécanisme d’ajustement aux frontières pour le carbone (CBAM) proposé par l’UE vise à uniformiser les règles du jeu. Il imposera une taxe équivalente sur les produits importés et permettra donc d’éviter l’exode de ces entreprises vers l’étranger.
Le secteur du transport doit évoluer
Wood Mackenzie énonce que le transport est le secteur qui peut faire la différence d’ici à 2030. Il représente actuellement encore environ un tiers du total des émissions européennes. Les véhicules électriques à batterie et les véhicules hybrides rechargeables ne représentent que 13% des ventes de véhicules légers. Ils doivent atteindre 97 % d’ici à 2030, ce qui reste un objectif extrêmement ambitieux.
De plus, il y a encore beaucoup à faire dans le domaine de l’énergie. Il faut développer plus de solaire et d’éolien, plus de stockage d’énergie et diminuer l’utilisation du charbon. L’UE doit ainsi réduire sa consommation d’énergie primaire de 27% par rapport aux niveaux de 2019 pour atteindre ses objectifs. Enfin, les bâtiments représentent à eux seuls un autre tiers des émissions.
Ainsi, l’UE est à l’avant-garde concernant l’urgence climatique. Elle façonne déjà sa politique, ses choix de technologies et la manière dont elle attire les investissements en fonction des enjeux environnementaux. Elle aura un grand rôle à jouer lors de la COP26 à Glasgow. Car si un accord est trouvé avec les autres pays, le rythme de la décarbonation mondiale pourrait être beaucoup plus rapide que prévu au cours de cette décennie.