L’Europe est à un tournant décisif concernant l’adoption des véhicules électriques. Avec la législation de l’UE visant à interdire la vente de voitures thermiques neuves d’ici 2035, l’industrie automobile européenne, sous la houlette de l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA), est sous pression pour accélérer la transition vers des véhicules zéro émission. Cependant, les derniers mois ont vu un ralentissement notable, notamment en Allemagne, le principal marché européen, où « la part de marché de l’électrique a reculé, à 12% ou moins contre 14,6% l’an dernier, » selon Sigrid de Vries, secrétaire générale de l’ACEA.
Résistances et réalités du marché
Le changement n’est pas simple. Moins de 30% des Européens se disent prêts à acheter un véhicule électrique, et « plus de la moitié excluent de dépenser plus de 35.000 euros pour une voiture, » un seuil au-dessus duquel la plupart des modèles électriques sont positionnés. Face à ces défis, Sigrid de Vries a souligné lors d’une conférence sur la voiture électrique à Lillestrøm, près d’Oslo, que « l’échéance 2035, c’est vraiment demain, surtout lorsqu’on parle de cycles de production. Nous n’avons que dix ans pour passer de 15% (de véhicules propres) à 100%. »
Le modèle norvégien
En Norvège, un exemple souvent cité pour son modèle réussi grâce à des taxes très favorables, l’électrique, tiré par le constructeur Tesla, a représenté 90% des nouvelles immatriculations au premier trimestre. D’autres constructeurs comme Volkswagen et Volvo ont déjà cessé d’y commercialiser leurs modèles thermiques. Guillaume Pelletreau, vice-président régional électrification et services connectés chez Nissan, reste optimiste malgré les fluctuations du marché : « C’est en dents de scie et ça sera toujours comme ça. Il y a eu un départ de vague de l’électrification extrêmement fort dans les deux dernières années et aujourd’hui on commence à normaliser un peu le processus. On voit nettement la tendance à la hausse malgré tout. »
Défis infrastructurels et réglementaires
Cependant, les infrastructures de recharge, essentielles à l’adoption généralisée de l’électrique, posent problème. Plus de la moitié des points de recharge sont concentrés dans deux pays seulement, l’Allemagne et les Pays-Bas, selon l’ACEA. En Espagne, où les automobilistes renouvellent leur voiture tous les 14 ans en moyenne et où 65% se garent dans la rue, la recharge à domicile est complexe. Isabel Gorgoso, directrice « nouvelles mobilités » du groupe énergétique Cepsa, compare l’Espagne à « la Norvège il y a dix ans. »
Ces défis et opportunités façonnent le parcours complexe de l’Europe vers une mobilité durable. L’engagement des gouvernements et de l’industrie, conjugué à l’acceptation du public, jouera un rôle crucial dans la réalisation des objectifs climatiques de l’UE.