Le 15 Juillet, le Japon annonce son plan de rouvrir de multiples de ses centrales nucléaires. Avec déjà 5 centrales en opération, le pays va presque doubler son effectif avec 9 centrales au total. Sa capacité de production d’énergie nucléaire passera donc de 5.03 GW à 8.77 GW.
Un besoin vital en énergie
Au milieu d’une crise d’énergie, le ministre japonais de l’économie, commerce et industrie Koichi Hagiuda affirme ce nouveau projet. D’après lui, le plan est de remettre 4 centrales nucléaires en opération, et ce d’ici l’hiver 2022. L’objectif de celui-ci est d’augmenter la capacité de production énergétique. Ceci représente un enjeu crucial pour le Japon en ce moment.
De fait, le pays se trouve au cœur d’une pénurie énergétique. De multiples facteurs peuvent être identifiés qui expliquerait cette pénurie. Par exemple les coûts élevés des énergies fossiles dont le Japon doit importer la quasi-totalité.
De plus, l’apport en GNL de la Russie est grandement fragilisé dû à la guerre en Ukraine ainsi qu’à la perturbation du site Sakhalin 2. Enfin, la canicule dans laquelle se trouve le Japon, comme un grand nombre de pays, contribue également à un besoin plus fort en énergie, réduisant rapidement le stockage actuel.
Cela provoque une grande instabilité au niveau de la disponibilité énergétique. Avec l’hiver qui approche, des solutions à cette pénurie sont indispensables. C’est en partie pourquoi le gouvernement japonais décide de redynamiser le secteur nucléaire.
Depuis l’incident de Fukushima en 2011, l’énergie nucléaire fut abolie au Japon, et a seulement commencé à revenir depuis peu. Une mise en opération de 4 nouvelles centrales en seulement quelques mois représenterait donc un changement radical.
Le nucléaire combiné avec le gaz au Japon
Si ces centrales sont mises en opération, l’île aura une capacité de production énergétique plus importante que dans les trois dernières années, malgré la crise énergétique. Ceci dit, le projet nucléaire ne sera pas suffisant pour cet objectif. En plus du projet, le Japon devra augmenter sa capacité par d’autres moyens. Le gouvernement songe donc à accroître sa production d’énergie à partir de gaz.
Le pays se trouve en besoin précieux de production énergétique nationale. C’est pour cela qu’il compte remettre en opération une dizaine de centrales thermiques à gaz. Celles-ci étaient désaffectées jusque là, dans une logique à long terme de diminuer l’utilisation des énergies fossiles. Mais dans la crise actuelle, le Japon préfère sécuriser un maximum d’apport énergétique. La réouverture de ces centrales devrait accroître la production énergétique du Japon d’environ 8GW.
Un avenir nucléaire?
Alors que l’apport et la demande en GNL devraient se stabiliser bientôt d’après plusieurs compagnies énergétiques au Japon, la question de satisfaire la demande cet hiver repose surtout sur le nucléaire.
Malgré le plan de redynamisation, la mise en opération des centrales dépendra aussi des régulateurs locaux. Avec des mentalités et normes culturelles encore hésitantes sur le nucléaire, le projet japonais pourrait en être fragilisé.
Depuis 2011, il existe bien sûr des règles et contraintes bien plus robustes pour les centrales. Ceci dit, même avec cela ce n’est pas encore certain que toutes les 4 centrales seront autorisées. La question de chacune de leur production énergétique reste également une question importante.
En plus de la crise énergétique actuelle, cette redynamisation du secteur nucléaire semble s’inscrire dans une logique à long terme. Cherchant à sécuriser sa souveraineté énergétique qui jusqu’ici a été faible, le Japon investit de plus en plus dans le nucléaire et les énergies renouvelables. Malgré sa petite surface, le pays peut profiter des mers qui l’entourent à travers les énergies éoliennes et hydrauliques.