La transition énergétique mondiale pousse les pays à repenser leurs sources d’énergie, et les États-Unis ne font pas exception. Une étude récente de l’Université du Michigan a exploré la possibilité de convertir des centrales électriques à charbon (CPPs) en réacteurs nucléaires avancés, une alternative prometteuse pour réduire les émissions de carbone tout en assurant une production d’énergie stable. Parallèlement, l’Union européenne et la France examinent également des solutions pour revitaliser leurs régions charbonnières en transition.
Transition Énergétique et Défis Actuels
En 2022, les centrales à charbon représentaient près de 20% de la production totale d’énergie aux États-Unis, générant 847 millions de tonnes de CO2, soit 55% des émissions totales de CO2 du secteur électrique. Face à ces chiffres alarmants, de nombreuses compagnies d’électricité ont intégré dans leurs plans de ressources intégrées l’objectif de remplacer progressivement les CPPs par des sources d’énergie plus propres, dont l’énergie nucléaire.
La transition énergétique est également au cœur des préoccupations de l’Union européenne. Les récents déplacements de Maroš Šefčovič, Vice-président exécutif pour le Green Deal européen, en Slovénie et en Croatie en témoignent. En participant à la cinquième édition du Dialogue politique annuel des régions charbonnières en transition, Šefčovič réaffirme l’engagement de l’UE pour la décarbonation et la revitalisation industrielle.
Avantages de la Conversion Charbon-Nucléaire
La conversion des CPPs en centrales nucléaires présente plusieurs avantages. D’abord, elle permet de réutiliser des infrastructures existantes telles que les lignes de transmission et les composants du système électrique, économisant ainsi du temps et des coûts. De plus, cette transition peut maintenir les emplois et les bases fiscales des communautés environnantes affectées par la fermeture des centrales à charbon.
Outil d’Évaluation STAND
L’étude de l’Université du Michigan utilise le Siting Tool for Advanced Nuclear Development (STAND), développé en collaboration avec plusieurs laboratoires nationaux américains. Cet outil permet d’évaluer simultanément plusieurs sites en fonction de critères socioéconomiques, de sécurité et de proximité, offrant ainsi une analyse plus robuste et scalable que les études précédentes qui se concentraient sur quelques centrales spécifiques.
Résultats de l’Étude
Les 245 CPPs étudiées ont été classées en deux groupes selon leur capacité nominale. Les résultats montrent une gamme de niveaux de faisabilité et de compromis selon les sites. Pour les centrales de plus petite capacité électrique, le score de faisabilité variait de 51,52 à 84,31 sur 100 avec une médiane de 66,53. Pour les centrales de plus grande capacité, les scores allaient de 47,29 à 76,92 avec une médiane de 63,97.
La centrale R M Schahfer en Indiana a été identifiée comme le site le plus faisable pour les petites capacités électriques, tandis que la centrale AES Petersburg, également en Indiana, a été classée en tête pour les sites de plus grande capacité.
Réflexions Européennes sur la Conversion
En Slovénie et en Croatie, les réflexions sur la transition énergétique sont également en cours. Maroš Šefčovič, lors de ses récentes visites, a discuté des initiatives vertes et de la transition des régions charbonnières avec des acteurs nationaux et régionaux. À Velenje, en Slovénie, il a mis en avant les projets de revitalisation et le soutien apporté par le Just Transition Fund. En Croatie, les discussions ont porté sur l’intégration des technologies propres dans la stratégie de croissance économique.
En France, la centrale Émile-Huchet de Saint-Avold, l’une des dernières centrales à charbon, est au centre d’une incertitude politique. Le président Emmanuel Macron avait annoncé la conversion des installations à la biomasse d’ici à 2027. Cependant, ce projet et un autre de production d’hydrogène stagnent en raison de blocages administratifs.
Initiatives en Cours
Aux États-Unis, des projets similaires sont en cours. TerraPower prévoit de construire un réacteur rapide refroidi au sodium Natrium sur un site de centrale à charbon retirée dans le Wyoming. Le Maryland Energy Administration soutient l’évaluation de la conversion d’une centrale au charbon avec le réacteur modulaire Xe-100 de X-energy. De plus, Holtec International envisage des sites de centrales à charbon pour son SMR-160, avec des plans pour la première unité dès 2029. En Pologne, NuScale explore également des options pour remplacer des centrales à charbon par ses réacteurs en collaboration avec Unimot et KGHM.
La possibilité de remplacer les centrales à charbon par des réacteurs nucléaires est explorée activement aux États-Unis et en Europe. Les initiatives de Šefčovič en Slovénie et en Croatie, ainsi que les discussions en France, montrent une réflexion accrue sur la conversion énergétique, avec un accent sur la collaboration et l’innovation pour surmonter les obstacles et revitaliser les régions charbonnières.