Près de trois ans après le sabotage des gazoducs Nord Stream 1 et 2, les autorités italiennes ont procédé à l’arrestation d’un citoyen ukrainien, identifié comme Serhii K., sur mandat émis par le parquet fédéral allemand. Âgé de 49 ans, l’individu aurait séjourné avec sa famille dans un village touristique de la province de Rimini, où il a été interpellé sans résistance.
Le parquet allemand, compétent en matière de terrorisme, considère Serhii K. comme un maillon clé du commando ayant déployé les charges explosives sur les infrastructures gazières en mer Baltique. Il serait « vraisemblablement l’un des coordinateurs de l’opération », selon un communiqué officiel publié le jour de l’arrestation.
Une opération planifiée depuis l’Allemagne
L’enquête indique que le groupe soupçonné d’avoir mené le sabotage aurait utilisé un voilier loué à Rostock, port situé sur la mer Baltique, à l’aide de faux papiers d’identité. Ce bateau aurait servi au transport des explosifs jusqu’à la zone sous-marine proche de l’île danoise de Bornholm. Les explosions, survenues le 26 septembre 2022, ont gravement endommagé les deux gazoducs reliant la Russie à l’Allemagne.
Nord Stream 1 ne livrait plus de gaz à cette date, dans un contexte de tensions entre Moscou et les alliés européens de Kiev. Quant à Nord Stream 2, resté inactif depuis sa construction, il n’avait jamais été mis en service. Les dommages causés ont interrompu durablement les capacités d’acheminement de gaz russe vers l’Europe du Nord.
Une enquête à forte dimension internationale
Trois pays — l’Allemagne, la Suède et le Danemark — avaient ouvert des enquêtes judiciaires séparées à la suite de l’incident. Les procédures ont été closes en Suède et au Danemark en 2024, sans qu’un auteur ou commanditaire n’ait été officiellement désigné. L’enquête allemande reste la seule encore active.
Diverses pistes ont été évoquées depuis l’événement, certaines suggérant l’implication directe ou indirecte d’un État. L’Ukraine, la Russie et les États-Unis ont tous nié toute responsabilité dans l’affaire. À Berlin, la ministre de la Justice Stefanie Hubig a salué l’arrestation comme un « succès impressionnant » pour la justice allemande, tout en réaffirmant le soutien de l’Allemagne à l’Ukraine.
Procédure judiciaire en cours et éléments antérieurs
Selon des médias allemands, dont ARD, Süddeutsche Zeitung et Die Zeit, l’enquête aurait déjà identifié plusieurs suspects, dont un plongeur professionnel ukrainien désigné comme Volodymyr Z., soupçonné d’avoir participé à l’opération avec deux complices. Ce dernier aurait échappé à une arrestation en Pologne en rejoignant l’Ukraine.
Le transfert de Serhii K. vers l’Allemagne est attendu prochainement. Il doit comparaître devant un juge de la Cour fédérale de justice pour être entendu sur son rôle présumé dans l’exécution logistique de l’opération. Les résultats de cette audition pourraient permettre d’identifier de nouveaux membres du groupe ou des soutiens structurels à l’origine de l’action.