Les températures mondiales franchissent un seuil inédit dans l’histoire moderne. En 2024, la température moyenne de la planète a atteint 1,55°C au-dessus des niveaux préindustriels, dépassant pour la première fois le seuil critique de 1,5°C fixé par l’Accord de Paris. Cette estimation, publiée par l’Organisation météorologique mondiale (OMM), repose sur l’analyse de six bases de données internationales.
Ce dépassement marque une étape alarmante dans une décennie caractérisée par des records de chaleur, exacerbés par l’utilisation continue des énergies fossiles. L’ONU a appelé à des actions immédiates et innovantes pour limiter les impacts de ce réchauffement, qu’Antonio Guterres, secrétaire général de l’organisation, décrit comme un défi global sans précédent.
Des catastrophes à l’échelle planétaire
Derrière ces chiffres, les impacts climatiques se traduisent par des événements dévastateurs à travers le monde. En Californie, des incendies qualifiés de « plus destructeurs de l’histoire » ont causé des dégâts considérables, tandis que l’Afrique de l’Ouest a subi des inondations record, mettant des millions de personnes en difficulté.
En Arabie saoudite, des vagues de chaleur extrêmes ont causé plus de 1 300 morts lors du pèlerinage de La Mecque. Les Caraïbes et les États-Unis ont été frappés par des ouragans d’une intensité inédite, comme Hélène, qui a provoqué des destructions massives. Ces phénomènes extrêmes ont généré des pertes économiques globales estimées à 320 milliards de dollars en 2024, selon le réassureur Munich Re.
Un seuil critique mais temporaire
Malgré l’atteinte de ce record de réchauffement, les experts de l’OMM soulignent qu’une seule année dépassant le seuil de 1,5°C ne signifie pas l’échec des objectifs de l’Accord de Paris, qui visent une stabilisation à long terme des températures. Cependant, ce pic reflète une tendance préoccupante.
Le phénomène naturel El Niño, qui favorise le réchauffement planétaire, a contribué à ce record. Cependant, les scientifiques rappellent que l’essentiel de la hausse des températures est dû à l’activité humaine, notamment l’utilisation continue du charbon, du pétrole et du gaz fossile.
En 2025, l’effet inverse du phénomène La Niña pourrait entraîner un léger refroidissement temporaire, mais selon les prévisions de l’OMM et de la NASA, cela ne suffira pas à inverser la trajectoire ascendante du réchauffement climatique.
Les océans en première ligne
Les océans, qui absorbent 90 % de l’excès de chaleur, continuent de battre des records inquiétants. En 2024, leur température moyenne de surface a atteint 20,87°C, dépassant celle de 2023. Cette surchauffe menace directement les écosystèmes marins, tels que les coraux et les poissons, tout en amplifiant les phénomènes climatiques extrêmes comme les ouragans et les tempêtes.
Outre les impacts immédiats sur la biodiversité, ce réchauffement océanique affecte les courants marins et atmosphériques, contribuant à des perturbations climatiques globales. La communauté scientifique souligne l’urgence de réduire les émissions de gaz à effet de serre pour atténuer ces impacts.
Des engagements insuffisants
La COP29, tenue en novembre à Bakou, a révélé des progrès limités. Bien que des objectifs financiers pour le climat aient été fixés, les discussions sur la sortie des énergies fossiles et la réduction des émissions de gaz à effet de serre n’ont pas abouti à des engagements significatifs.
Les experts du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) rappellent que limiter le réchauffement à 1,5°C plutôt qu’à 2°C pourrait réduire de manière significative les impacts les plus catastrophiques du changement climatique. Cependant, les efforts mondiaux restent insuffisants pour atteindre ces objectifs.