Le secteur pétrolier et gazier de la mer du Nord pourrait bénéficier d’une relance importante, avec jusqu’à 10 milliards de livres de valeur pré-fiscale à récupérer des actifs existants, si une réforme fiscale adaptée est mise en place. C’est ce qu’indique une nouvelle analyse réalisée par Wood Mackenzie, un cabinet de conseil en énergie, avant la déclaration budgétaire d’automne prévue le 30 octobre.
Selon ce rapport, les pertes cumulatives de production dans la mer du Nord ont atteint 10 % depuis 2022. Ces pertes sont attribuées principalement à l’introduction de la Energy Profits Levy (EPL), une taxe sur les bénéfices énergétiques, et à l’incertitude réglementaire persistante. Cette situation représente une perte de 5 milliards de livres en flux de trésorerie potentiel avant impôts pour le secteur.
Impact de la taxe sur les bénéfices énergétiques
L’analyse met en avant trois scénarios possibles pour l’avenir du secteur, dont l’un décrit un statu quo dans lequel l’EPL reste inchangée, bien que le gouvernement ait déjà annoncé une hausse de son taux de 3 %, le portant à 38 %. Cette augmentation portera le taux marginal d’imposition du Royaume-Uni à 78 %, ce qui, selon le rapport, pourrait encore accentuer les difficultés des entreprises du secteur.
En parallèle, le gouvernement a également annoncé son intention de supprimer les allocations d’investissement de l’EPL, de réduire les déductions pour dépenses en capital et de prolonger la clause de caducité jusqu’au 31 mars 2030. Les conséquences de ces décisions restent au cœur des préoccupations des opérateurs qui estiment que ces ajustements rendraient le climat d’investissement encore plus incertain.
Scénarios futurs pour l’industrie
Dans le cas le plus pessimiste, où l’EPL serait prolongée indéfiniment sans les allocations pour investissements, la production de pétrole et de gaz britannique pourrait être réduite de moitié d’ici 2030. À l’inverse, le scénario le plus optimiste prévoit la mise en place rapide d’un régime fiscal favorable à l’investissement, avec un rétablissement de la confiance entre le gouvernement et les acteurs de l’industrie.
Ce dernier scénario, bien que jugé trop optimiste par Wood Mackenzie, souligne qu’une telle réforme permettrait de récupérer jusqu’à 15 % de réserves supplémentaires par rapport aux prévisions actuelles, et jusqu’à 41 % de plus par rapport à un scénario où l’EPL serait maintenue.
Potentiel économique et environnemental
Si une réforme pragmatique est adoptée, le secteur pourrait voir ses revenus bruts augmenter de 13 %, tandis que la valeur pré-fiscale progresserait de 14 %, toujours selon le rapport. Ces chiffres correspondent à une augmentation de près de 20 milliards de livres en revenus bruts et à près de 10 milliards de livres en valeur pré-fiscale pour le secteur, partagés entre les entreprises et le gouvernement.
Outre les bénéfices financiers, l’analyse souligne que cette réforme pourrait avoir des effets positifs sur l’environnement. En effet, la production nationale de pétrole et de gaz présente une intensité en carbone deux fois inférieure à celle des importations, sur une base d’émissions de type Scope 1 et 2. Ainsi, une augmentation de la production locale pourrait permettre de réduire de 23 millions de tonnes les émissions de CO2 par rapport à un maintien de l’EPL dans sa forme actuelle.
Les analystes de Wood Mackenzie insistent sur l’importance d’agir rapidement pour maximiser cette opportunité, car les retards risquent de limiter les perspectives de croissance future à mesure que les champs pétroliers de la mer du Nord arrivent à maturité et que les opérations de démantèlement se multiplient.