Un navire transportant du gaz naturel liquéfié (GNL) en provenance du terminal russe Portovaya, sous sanctions depuis janvier, a accosté au port de Beihai dans le sud de la Chine. Ce navire est le premier à relier directement cette installation située dans l’oblast de Léningrad à la Chine depuis le début des flux de GNL sanctionnés cet été.
Le méthanier Valera est arrivé au terminal de Tieshan, à Beihai, le 8 décembre avec un tirant d’eau de 11,1 mètres. Il avait quitté les abords de l’unité flottante de stockage Portovyy fin octobre, pour un voyage de près de six semaines contournant le cap de Bonne-Espérance. Les données de Commodities at Sea indiquent qu’il s’agit du 20e navire de GNL russe à accoster à Beihai depuis l’arrivée des premières cargaisons sous sanctions.
Un changement dans l’origine des cargaisons
Jusqu’à présent, les flux de GNL russes vers Beihai provenaient exclusivement du projet Arctic LNG 2, opéré par Novatek dans l’Arctique russe. Le Valera marque une première, en chargeant depuis Portovaya, une installation exploitée par Gazprom qui dispose d’une capacité nominale de 1,5 million de tonnes par an et qui a commencé ses exportations en septembre 2022.
La livraison intervient dans un contexte de restriction croissante des voies d’exportation russes. La fermeture saisonnière de la Route maritime du Nord, accessible uniquement aux méthaniers de classe Arc7, limite désormais fortement les expéditions depuis Arctic LNG 2 pendant l’hiver. Seul le Christophe de Margerie, un navire spécialisé, est attendu sur cette route dans les semaines à venir.
Conséquences des sanctions sur Portovaya
Depuis le début de l’année 2025, l’installation de Portovaya a exporté environ 520 000 tonnes de GNL, dont près de 350 000 tonnes à destination de l’enclave russe de Kaliningrad. Ce volume est en forte baisse par rapport aux 1,6 million de tonnes exportées en 2024, lorsque l’Union européenne et la Turquie figuraient parmi les principaux acheteurs.
Le Royaume-Uni a imposé des sanctions au terminal de Beihai et à sept navires impliqués dans le transit de GNL russe en octobre. L’Union européenne a, de son côté, adopté un accord provisoire interdisant toutes les importations de GNL russe à compter du 1er janvier 2027, ainsi que celles de gaz par gazoduc à partir du 1er novembre 2027. Ces mesures nécessitent encore une validation finale par le Parlement européen et le Conseil.
Nouvelle pression sur les routes maritimes russes
Outre les interdictions d’importation, le Royaume-Uni prévoit d’interdire l’accès à ses services maritimes, notamment l’assurance, pour le transit du GNL russe vers des pays tiers dès 2026. Cette mesure vise à limiter l’usage de navires et de services liés au Royaume-Uni dans le transport d’hydrocarbures russes, en coordination avec les partenaires européens.
Selon une déclaration officielle, cette restriction devrait affecter directement les exportations russes de GNL, en réduisant leur capacité à accéder aux services maritimes internationaux essentiels. La phase d’application de ces interdictions est prévue sur l’ensemble de l’année 2026.