Le gouvernement équatorien a annoncé le 4 mars 2025 l’attribution de la concession du champ pétrolier de Sacha à un consortium sino-canadien. Composé de filiales des groupes chinois Sinopec et canadien New Stratus Energy, ce partenariat prend la relève de Petroecuador, la compagnie pétrolière publique du pays. Sacha, situé dans la province d’Orellana, à l’est de l’Équateur, est le plus grand champ pétrolier du pays et produit du pétrole depuis plus de cinquante ans.
Le contrat de concession, dont la signature est prévue pour avril, s’étend sur 20 ans. Il prévoit une augmentation progressive de la production du champ, visant à atteindre 100 000 barils par jour d’ici trois ans. En 2024, la production était d’environ 76 000 barils par jour. La ministre équatorienne de l’Énergie, Inés Manzano, a reconnu que les infrastructures de Sacha étaient en mauvais état. Elle a comparé le site à « une couronne rouillée » dont les « joyaux ont besoin d’être polis ».
L’accord prévoit également que l’État équatorien recevra une avance de 1,5 milliard de dollars lors de la signature du contrat, ainsi que des royalties basées sur l’évolution des prix du pétrole brut. Ce projet a suscité des réactions contrastées, notamment de la part de la Confédération des nationalités indigènes de l’Équateur (Conaie), qui a dénoncé l’accord. L’organisation accuse le président Daniel Noboa, qui brigue un second mandat, de rechercher des ressources pour des fins électorales. Conaie a qualifié cette initiative de « pillage », estimant que le pays se contentera « des miettes de son propre pétrole ».
Réactions politiques et sociales
L’attribution de la concession de Sacha à un consortium étranger a soulevé des préoccupations au sein de la population et des organisations sociales. La principale critique réside dans l’impact limité que ce contrat pourrait avoir sur les bénéfices pour l’Équateur. La Conaie a également mis en lumière les tensions entre l’État et les communautés indigènes qui estiment que l’exploitation pétrolière nuit à leurs droits territoriaux et à l’environnement. L’accord suscite également des interrogations sur la manière dont les bénéfices seront répartis et sur l’impact à long terme de cette collaboration avec des acteurs internationaux dans un secteur clé pour l’économie nationale.
Un secteur pétrolier en mutation
L’Équateur, qui dépend largement de ses exportations de pétrole, fait face à une série de défis dans son secteur énergétique, avec des infrastructures vieillissantes et des rendements en baisse dans ses gisements. L’entrée de Sinopec et New Stratus Energy dans le projet Sacha représente une tentative de revitaliser un secteur clé tout en garantissant des revenus immédiats via l’avance de 1,5 milliard de dollars. Toutefois, la viabilité à long terme de ce modèle reste sujette à débat, notamment concernant les conditions de production et de rentabilité.