Un cinquième méthanier transportant du gaz naturel liquéfié (GNL) issu du projet russe Arctic LNG 2 a accosté au terminal de Tieshan, dans le port de Beihai, au sud de la Chine. Le navire, baptisé Iris et précédemment connu sous le nom de North Sky, est arrivé à quai avec un tirant d’eau de 11,7 mètres selon les données de Commodities at Sea (CAS). Son arrivée intervient seulement deux jours après le départ du Buran, quatrième méthanier sanctionné à avoir utilisé cette infrastructure portuaire.
Le Buran, anciennement nommé North Air, a quitté le terminal avec un tirant d’eau de 9,8 mètres, en baisse par rapport aux 11,6 mètres enregistrés lors de son arrivée. Depuis la mise en service de la deuxième unité de liquéfaction du projet Arctic LNG 2 en juin, les expéditions vers l’Asie ont repris, avec l’Iris ayant accosté au site d’embarquement le 26 juin.
Un sixième navire en approche
Un sixième méthanier russe, l’Arctic Vostok — anciennement East Energy — est en route vers Beihai, après avoir été repéré au sud-ouest de l’île de Hainan le 12 septembre. Ce navire, également inscrit sur la liste des sanctions de l’Union européenne depuis février, avait été ciblé par les autorités américaines en août 2024. La présence continue de navires sanctionnés dans les eaux asiatiques souligne l’importance stratégique du corridor maritime entre la Russie et la Chine pour les exportations gazières.
Les sources de marché indiquent que les cargaisons issues du projet Arctic LNG 2 se négocient entre $8 et $8.50 par million de British thermal units (MMBtu), bien que ces prix ne soient pas officiellement confirmés. Parallèlement, le GNL acheminé par camions reste stable à Beihai, autour de CNY3,900 par tonne métrique ($10.4/MMBtu), tandis que les prix dans la province voisine du Guangdong avoisinent CNY4,100/mt, dans un contexte de demande aval peu dynamique.
Infrastructure stratégique et capacité saturée
Le terminal de Beihai, situé dans la région autonome Zhuang du Guangxi, dispose d’une capacité annuelle de réception de 6 millions de tonnes de GNL. Il comprend un poste d’accostage dédié aux navires de 80 000 à 266 000 mètres cubes, ainsi que quatre réservoirs de stockage de 160 000 mètres cubes chacun. Ce terminal est opéré par la China Oil and Gas Pipeline Network Group (PipeChina), un opérateur national d’infrastructures énergétiques.
PipeChina est détenue conjointement par plusieurs entreprises publiques, dont PetroChina (29,9%), Sinopec (14%) et China National Offshore Oil Corporation (CNOOC) à hauteur de 2,9%. Un rapport publié le 15 août par l’opérateur indiquait l’absence de créneaux disponibles pour l’accès tiers au terminal entre septembre et décembre 2025, ce qui suggère une saturation de sa capacité de réception à court terme.
Un réseau d’acteurs internationaux impliqués
Le projet Arctic LNG 2 est détenu à 60% par le producteur russe Novatek, tandis que TotalEnergies (France), la China National Petroleum Corporation (CNPC), la CNOOC et Japan Arctic LNG détiennent chacun une participation de 10%. Cette dernière est une entité néerlandaise contrôlée à 75% par l’Organisation japonaise pour la sécurité des métaux et de l’énergie, et à 25% par Mitsui.
Le méthanier La Perouse, également sous sanctions britanniques depuis septembre 2024, a été le premier des navires récemment chargés à prendre une direction ouest par la Route maritime du Nord. Il était localisé au sud du Congo dans la matinée du 16 septembre, selon CAS, confirmant la diversité croissante des itinéraires empruntés malgré les restrictions internationales.