Les frappes russes ont ciblé récemment 80% des centrales thermiques et la moitié des centrales hydroélectriques en Ukraine, rapporte le ministre ukrainien de l’Energie, Guerman Galouchtchenko. Il dénonce cela comme « la plus grande attaque » contre le secteur énergétique du pays. De plus, de nombreuses stations de transmission électrique ont également été attaquées. Ces actions ont notamment provoqué de longues coupures d’électricité à Kharkiv, la deuxième plus grande ville d’Ukraine. Le pays envisage ainsi de « décentraliser » son réseau énergétique pour faire face aux attaques.
Impact sur le secteur énergétique
Le service de presse du ministère a informé l’AFP que les centrales thermiques ont été « endommagées » par ces frappes, bien que l’étendue exacte des dégâts n’ait pas été précisée. Le ministre a ajouté que l’échelle et l’impact de cette nouvelle vague d’attaques sont bien plus importants que ceux observés lors de la campagne de l’hiver précédent, durant laquelle des millions d’Ukrainiens avaient été privés d’électricité et de chauffage. Guerman Galouchtchenko a noté que l’armée russe avait modifié les drones et les missiles utilisés pour ces bombardements, les rendant « encore plus dangereux ». Il a souligné que ces attaques continuent presque quotidiennement. Avant l’invasion russe en février 2022, la production d’électricité en Ukraine était relativement équilibrée entre les centrales thermiques utilisant du charbon et du gaz, et les centrales nucléaires, avec une part plus faible d’hydroélectricité.
Situation à la centrale nucléaire de Zaporijjia
La centrale nucléaire de Zaporijjia, située dans le sud de l’Ukraine et la plus grande d’Europe, est occupée par la Russie depuis le début de la guerre et ne produit plus d’électricité. Des attaques à l’aide de drones ont été rapportées récemment, tant par Moscou que par Kiev, chaque camp accusant l’autre de cibler cette installation stratégique. Selon l’administration installée par Moscou, plusieurs drones ont visé la centrale dimanche et lundi. Un drone kamikaze aurait été abattu au-dessus de la centrale, tombant sur le toit du réacteur numéro 6, sans constituer de danger pour l’installation.
Accusations croisées
L’Ukraine accuse la Russie de diffuser de fausses informations et assure que ce sont les forces russes qui attaquent avec des drones la centrale qu’elles occupent. Andriï Kovalenko, chef du centre ukrainien de lutte contre la désinformation, a critiqué une « campagne de provocation et de falsification » par la Russie.
Réactions internationales
L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a dénoncé une « escalade majeure » et un « incident grave » après les attaques. Rafael Grossi, son directeur, a signalé que les impacts directs sur les structures de confinement de la centrale ont été confirmés. Rosatom et l’AIEA ont rapporté des blessés suite à ces incidents.
Rosatom a exhorté l’AIEA et les pays de l’Union européenne à « condamner catégoriquement l’escalade ». Kovalenko a accusé la Russie de « manipuler les préoccupations de l’AIEA », alors que les frappes et les bombardements continuent de viser la centrale de Zaporijjia depuis plus de deux ans.