Le gouvernement britannique a confirmé l’inclusion des crédits de removal de CO2 dans son système d’échange de quotas d’émissions (UK ETS) à partir de 2029, marquant une étape significative dans la stratégie climatique du pays. Cette décision, annoncée en juillet 2025, vise à créer un signal de demande fort pour les projets de captage et stockage du carbone, mais fait face à des défis majeurs en termes de prix et de disponibilité.
Un écart de prix considérable entre removals et allowances
Les crédits de removal basés sur les technologies de Bioenergy with Carbon Capture and Storage (BECCS) et Direct Air Capture (DAC) se négocient actuellement autour de 300 dollars américains la tonne, créant un fossé substantiel avec les prix des UK Allowances. Cette différence de prix pose la question de l’attractivité économique pour les participants du marché qui devront choisir entre acheter des allowances traditionnelles ou investir dans des crédits de removal plus onéreux.
Le principe « one-in-one-out » adopté par l’Autorité UK ETS signifie que pour chaque crédit de removal introduit, une allowance d’émission sera retirée du marché. Cette approche vise à maintenir l’intégrité du signal de prix tout en préservant le plafond d’émissions global du système.
Une offre limitée face aux besoins futurs
L’approvisionnement actuel en crédits de removal reste extrêmement limité. Le registre Puro.Earth, l’une des principales plateformes de certification, n’a émis que 67 286 crédits à ce jour au Royaume-Uni. Les analystes du marché estiment qu’un approvisionnement annuel de plus de 1,5 million de crédits serait nécessaire pour avoir un impact significatif sur le marché UK ETS.
Les projets doivent démontrer une capacité de stockage du carbone d’au moins 200 ans pour être éligibles, une exigence qui permet l’inclusion de technologies comme le biochar mais maintient des standards élevés de permanence. Cette durée de stockage représente un compromis entre la nécessité de séquestration à long terme et la scalabilité des solutions disponibles.
L’incertitude autour des crédits forestiers
La décision concernant l’inclusion des crédits du Woodland Carbon Code reste en suspens. Ces unités, qui se sont échangées à un prix moyen pondéré de 26,85 livres sterling par tonne de CO2 équivalent en 2024, pourraient considérablement augmenter l’offre disponible. Le Woodland Carbon Code a émis 12 300 crédits ex-post et 12 153 000 crédits ex-ante, suggérant un potentiel de scaling important, bien que ces crédits ex-ante aient généralement un délai de livraison de plus de 50 ans.
L’Autorité UK ETS a reçu des preuves suggérant un argument solide pour l’intégration des removals forestiers, mais des préoccupations persistent concernant la permanence, l’impact sur les prix et les conséquences non intentionnelles sur l’utilisation des terres. Une consultation technique supplémentaire est prévue pour affiner les détails de mise en œuvre, notamment les taux de contribution au buffer pool et les structures d’enchères.
Les mécanismes d’enchères en développement
L’Autorité UK ETS a confirmé son intention de fournir des enchères pour faciliter l’accès au marché des opérateurs de removal. Ces enchères pourraient prendre la forme d’enchères mixtes de produits, permettant aux participants d’enchérir sur différents types de crédits dans une seule enchère. Cette approche vise à réduire les barrières à l’entrée, particulièrement pour les opérateurs de plus petite taille, et à envoyer un signal de demande direct qui pourrait aider à débloquer le financement pour les grands projets basés au Royaume-Uni.
Le gouvernement britannique a également mandaté la British Standards Institution pour développer un standard UK GGR (Greenhouse Gas Removal), avec des seuils de qualité minimum à publier en 2025. Ce cadre réglementaire sera essentiel pour assurer la crédibilité et l’intégrité des crédits de removal intégrés dans le système.
Les participants du marché observent attentivement ces développements, reconnaissant que l’intégration réussie des removals dans l’UK ETS pourrait créer un précédent important pour d’autres marchés de conformité carbone. L’équilibre entre maintenir l’intégrité environnementale, assurer la viabilité économique et stimuler l’innovation technologique reste le défi central alors que le Royaume-Uni se prépare à cette transition majeure de son marché carbone.