UE: l’hydrogène « bas carbone » ravive les divergences sur le nucléaire

Les ministres européens de l'Énergie ont discuté de l'utilisation du nucléaire comme moyen de production d'hydrogène décarboné lors de leur réunion à Bruxelles. Si la France défend l'atome civil, certains pays membres contestent cette technologie.

Les ministres européens de l’Énergie se sont réunis à Bruxelles le mardi 28 mars 2023 pour discuter de la reconnaissance du nucléaire comme moyen de production d’hydrogène décarboné. Les représentants des pays membres ont des opinions divergentes sur cette question, avec la France qui soutient fortement l’utilisation du nucléaire et l’Autriche qui rassemble les détracteurs de cette technologie. La ministre française de l’Économie, Agnès Pannier-Runacher, a défendu l’atome civil et a rassemblé les représentants de douze autres pays membres de l’EU pour former l’« alliance du nucléaire civil ». Cette alliance vise à renforcer la coopération industrielle dans le secteur nucléaire, qui est considéré comme une technologie stratégique pour atteindre la neutralité climatique.

Les ministres ont reconnu que le nucléaire était une source d’énergie décarbonée et un levier important pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Cependant, les ministres autrichiens de l’Énergie ont réuni leurs homologues de dix autres pays pour discuter du déploiement des énergies renouvelables. La majorité de ces pays ne considère pas l’atome civil comme une technologie verte et conteste son utilisation comme moyen de production d’hydrogène décarboné.

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La France plaide pour une « neutralité technologique » qui permettrait aux États membres de choisir librement les moyens d’atteindre les objectifs climatiques. La ministre française a expliqué que l’objectif n’était pas d’opposer le nucléaire aux énergies renouvelables, mais de considérer tous les leviers qui peuvent permettre de baisser les émissions. Le plan dévoilé mi-mars par la Commission européenne pour doper les industries vertes a alarmé Paris, en mentionnant le nucléaire mais sans lui accorder les avantages réglementaires et financiers consentis aux renouvelables.

Les ministres ont également adopté leur position sur une législation destinée à adapter les réseaux gaziers à l’essor de l’hydrogène et du biométhane. Les négociateurs du Conseil et du Parlement européen doivent également finaliser mercredi une loi sur les énergies renouvelables. Cette loi prévoit des objectifs d’hydrogène « renouvelable » à atteindre dans les transports et l’industrie. La France et ses alliés réclament un traitement égal entre hydrogène renouvelable et hydrogène « bas-carbone » produit avec de l’électricité d’origine nucléaire. Cependant, au moins sept pays, dont l’Allemagne, l’Autriche et l’Espagne, ne sont pas favorables à cette position.

Le débat sur l’utilisation du nucléaire dans la production d’hydrogène décarboné est un sujet de préoccupation majeur pour les ministres européens de l’Énergie, car il s’agit d’une question centrale pour atteindre les objectifs de neutralité carbone de l’EU. Les discussions sont en cours pour trouver un compromis qui permettra de concilier les différents points de vue des pays membres.

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