La Commission européenne envisage d’offrir aux États enclavés de l’Est de l’Union européenne (UE) davantage de fonds. Ces derniers serviront à moderniser les infrastructures pétrolières. Le but étant de les convaincre d’accepter un embargo sur le pétrole russe, déclare une source européenne anonyme à Reuters.
L’UE souhaite garantir un accord sur l’interdiction du pétrole russe
Les mesures proposées font partie d’un ensemble plus large de nouvelles sanctions contre la Russie pour son invasion de l’Ukraine. Toutefois, selon la source, l’adoption du texte nécessite encore un accord sur le montant de l’investissement. Elle ajoute également que Chypre s’inquiète d’une proposition d’interdiction de la vente de biens immobiliers aux Russes.
La semaine dernière, la Commission avait présenté son document original sur les sanctions. Depuis, les tractations qui ont suivi la présentation ont retardé l’approbation du texte. Celui-ci a déjà été révisé une fois pour tenter de convaincre les pays membres sceptiques.
Ainsi, une nouvelle version est en cours de rédaction. Par ailleurs, elle devrait supprimer l’interdiction faite aux pétroliers de l’UE de transporter du pétrole russe. Les pressions exercées par la Grèce, Chypre et Malte, sont à l’origine de cette contestation, indique la source.
Néanmoins, les entreprises de l’UE seraient probablement empêchées de proposer des assurances et d’autres services financiers pour le transport de pétrole russe dans le monde entier. La source souligne que sur ce point, la proposition initiale resterait inchangée.
Convaincre les pays réfractaires aux sanctions de l’UE sur le pétrole russe
La plupart des États membres de l’UE conviennent d’appliquer pleinement l’embargo sur le pétrole russe d’ici la fin de l’année. Toutefois, la Hongrie a obtenu une exemption jusqu’à la fin de 2024. Ce pays d’Europe centrale est très critique envers ces nouvelles sanctions. De la même manière, la Slovaquie et la République tchèque seraient exemptées jusqu’à la mi-2024.
Les trois pays sont les seuls États de l’Est de l’UE à ne pas avoir d’accès à la mer. Par conséquent, ils risquent de subir un impact économique plus important en cas d’interdiction du pétrole russe.
Ainsi, les responsables de l’UE affirment que leurs inquiétudes sont légitimes et envisagent maintenant de dépenser plus qu’initialement prévu pour moderniser et étendre les oléoducs qui achemineraient le pétrole d’autres pays de l’UE.
L’UE retient 7,2 milliards d’euros de fonds de redressement post-COVID destinés à la Hongrie, bloqué en raison de préoccupations relatives à l’État de droit. Des diplomates déclarent que la Hongrie pourrait tenter de lier les négociations sur l’embargo pétrolier au versement des fonds gelés.
La source estime que des fonds supplémentaires seraient fournis pour les investissements dans les oléoducs. Par ailleurs, des discussions sont en cours pour savoir si ces sommes s’utiliseront pour moderniser les raffineries de pétrole dans les pays d’Europe centrale. Beaucoup d’entre eux ne peuvent actuellement traiter que du pétrole russe.
La Bulgarie, Chypre et l’interdiction des services
La Bulgarie menace également de mettre son veto à l’embargo pétrolier si elle n’obtenait pas elle aussi des concessions. Cependant, les responsables de l’UE déclarent que le pays situé face à la mer Noire avait moins de problèmes structurels. Ainsi, les risques pour sa sécurité énergétique sont différents.
À Chypre, de nombreux Russes ont investi dans l’immobilier. L’UE souhaite interdire ces pratiques dans ses nouvelles propositions. Selon la source, des discussions sont en cours sur des questions juridiques permettant un compromis sur ce point.
L’interdiction des assurances et autres services financiers pour les pétroliers transportant du pétrole russe serait un obstacle sérieux aux exportations de pétrole russe vers la Chine et d’autres partenaires commerciaux en dehors de l’UE. Toutefois, son efficacité reste à prouver.
Cependant, Marcus Baker, responsable mondial du transport maritime et des marchandises pour le courtier d’assurance Marsh, estime que les pays ayant reçu des exemptions pourraient toujours importer du pétrole russe par les mers sous certaines conditions. Par exemple, ils pourraient utiliser des navires battant leur propre pavillon et leurs propres dispositions en matière d’assurance nationale.