La firme américaine a récemment racheté le nom de la société de transport fluvial Thames Clippers dans le but de développer ses services sur la Tamise.
Ce partenariat inédit entre la compagnie de covoiturage et les Thames Clippers va permettre aux Londoniens de réserver des voyages en bateau depuis l’application Uber. Cette association place sous le nom « Uber Boats by Thames Clippers » une flotte composée d’une vingtaine de bateau qui circuleront entre 23 quais se situant entre Putney et Woolwich en banlieue londonienne. Pour commencer, un contrat de trois ans relie ces deux entreprises et sera certainement reconduit si l’expérience est concluante.
Toutefois, le service continuera d’être entièrement assuré par les Thames Clippers. Historiquement, cette entreprise exploite un service qui traverse la capitale anglaise, avec des arrêts le long de la Tamise à Canary Wharf, au London Eye et à la centrale électrique de Buttersea.
Uber Boats : Comment ça marche ?
Les trajets
Les trajets en bateau Uber Boats se distingueront du service de covoiturage car ils se déploieront sur des itinéraires fixes. Pour bénéficier de ce service, les utilisateurs devront alors réserver leur trajet en bateau via l’application Uber, qui au lieu de leur réserver un chauffeur, génèrera un QR code nécessaire à l’embarquement. Pour le moment, Uber précise qu’il n’est pas encore possible de combiner un trajet en voiture et en bateau mais que cela devrait être arrangé dans de futures mises à jour de l’application.
Le paiement
Pour régler leurs trajets, les Londoniens pourront continuer d’utiliser des moyens de paiements tels que la carte bancaire ou la carte Oyster, et pourront toujours acheter des billets Thames Clippers sans passer par l’application car, les bateaux continueront de faire partie du réseau Oyster.
Ainsi, Uber Boats ne modifiera pas l’organisation des Thames Clippers mais prendra une commission sur chaque billet vendu à bord d’un Uber Boat, bien que l’entreprise n’ait pas précisé à combien s’élèverait cette dernière.
Quel est l’objectif du partenariat Uber Boats ?
Développer le réseau fluvial sur la Tamise
Ce partenariat entre Thames Clippers et Uber vise à démocratiser les déplacements en bateau et à soutenir l’expansion du réseau fluvial à travers la capitale anglaise.
Pour le Co-fondateur et Directeur Général des Thames Clippers, Sean Collins, « il est essentiel que nous continuions de soutenir Londres et ses habitants en facilitant les allers et retours au travail. Le nouveau partenariat nous permettra de relier les deux modes de transport que sont le fleuve et la route, offrant ainsi aux Londoniens et aux visiteurs encore plus de possibilités de se déplacer, de visiter, d’explorer et de profiter de notre ville par voie fluviale » (The Guardian).
Le Directeur général régional pour l’Europe du Nord et de l’Est chez Uber, Jamie Heywood complète son propos en disant que « Les Londoniens recherchent de nouvelles façons de se déplacer dans la ville, notamment lorsqu’ils commencent à se rendre au travail » (The Guardian).
Le retour d’Uber dans la ville de Londres
L’objectif de ce partenariat est aussi de rester sur le devant de la scène londonienne après que la firme de VTC se soit vu retirer sa licence pour exercer dans la capitale. Car, même si la relation entre la firme de covoiturage et les Thames Clippers semble ne rien présager pour Uber, cette querelle avec la ville de Londres met l’entreprise américaine en mauvaise posture. La firme se voit même dépassée par le service Ola, un service indien de chauffeurs privés.
En novembre dernier, Transport for London a refusé d’accorder à Uber une nouvelle licence pour l’exploitation de son service de chauffeurs privés et Londres justifie sa décision en mettant en avant des craintes en termes de sécurité après avoir découvert que certains conducteurs avaient falsifié leur identité. Toutefois, Uber a été autorisé à poursuivre ses activités dans l’attente de son appel (reporté en Septembre).
Ainsi, Uber est actuellement confronté à deux grandes batailles judiciaires en Grande-Bretagne. Premièrement, l’entreprise tente de récupérer sa licence d’exploitation. Et de plus, ce mois-ci, elle défendra son modèle économique devant la Cour Suprême dans une affaire à propos du droit des travailleurs.
Une réponse à la pandémie de COVID-19 ?
Ce partenariat intervient alors que la capitale s’interroge sur la manière dont ses habitants devraient se déplacer tout en respectant la distanciation sociale.
Uber Boats offre une alternative aux bus et métros surchargés
Pour Uber, ces bateaux pourraient offrir une solution aux bus et métros surchargés de Londres en imposant une politique sanitaire stricte. Tous les passagers devront porter un masque conformément aux directives de la Transport for London et le personnel se verra en possession d’un équipement de protection individuelle (EPI).
Uber a beaucoup souffert de la crise sanitaire, l’entreprise a vu ses réservations mondiales baisser de 80% en avril 2020 et a déclaré une perte trimestrielle de 2,9 milliards de dollars. L’investissement dans le domaine fluvial n’est donc pas un hasard lorsque l’on sait que l’année dernière, 4,3 millions de passagers ont utilisé le service Thames Clippers.
Le développement du transport fluvial n’est pas l’unique solution mise en avant par Londres. En effet, la ville souhaite développer ses structures cyclables et la location de scooters électriques
Léa Houël