Le Premier ministre de la République de Pologne, Donald Tusk, a affirmé qu’il ne serait pas dans l’intérêt national de remettre à l’Allemagne un ressortissant ukrainien recherché pour son rôle présumé dans les explosions ayant touché les gazoducs Nord Stream. L’homme, identifié sous le nom de Volodymyr Z., a été arrêté fin septembre près de Varsovie dans le cadre d’un mandat d’arrêt européen émis par Berlin.
Une décision confiée à la justice polonaise
Donald Tusk a précisé que la décision finale reviendrait au tribunal polonais, tout en réaffirmant la position historique de Varsovie contre la construction des gazoducs reliant la Russie à l’Allemagne. Selon lui, les projets Nord Stream 1 et Nord Stream 2 ont accentué la dépendance énergétique européenne à l’égard de Moscou. « Le problème de l’Europe, de l’Ukraine, de la Lituanie et de la Pologne n’est pas que Nord Stream 2 ait été détruit, mais qu’il ait été construit », a déclaré le chef du gouvernement polonais.
Enquête sur le sabotage et tensions régionales
Les autorités allemandes n’ont pas encore répondu aux déclarations de Varsovie. Un tribunal polonais a prolongé la détention provisoire de Volodymyr Z. pour quarante jours afin d’examiner la demande d’extradition déposée par Berlin. L’affaire s’inscrit dans l’enquête sur les explosions survenues en septembre 2022 près de l’île danoise de Bornholm, qui avaient gravement endommagé les gazoducs sous-marins reliant la Russie à l’Europe.
Les procureurs fédéraux allemands accusent le suspect d’avoir participé à une opération menée par un groupe ayant loué un voilier pour placer des explosifs sur les conduites. Il est poursuivi pour conspiration en vue de commettre un attentat à l’explosif et sabotage anticonstitutionnel. Un autre ressortissant ukrainien arrêté en Italie en août est également soupçonné d’avoir coordonné les attaques et conteste son extradition.
Un dossier mêlant énergie et intérêts nationaux
Les explosions des gazoducs Nord Stream ont marqué un tournant dans le conflit en Ukraine et provoqué une crise énergétique majeure en Europe. Ni la Russie, ni l’Ukraine, ni les pays occidentaux n’ont revendiqué la responsabilité du sabotage, alimentant les spéculations et les tensions diplomatiques. Pour la Pologne, l’affaire illustre la fragilité des équilibres entre alliances européennes, intérêts énergétiques et décisions judiciaires nationales, dans un contexte où les dépendances gazières restent un enjeu stratégique majeur.