BOTAS est l’importateur public d’énergie turc. Alors qu’il s’enfonce dans le rouge, il semble être contraint d’augmenter ses prix. Toutefois, de nombreux fabricants se plaignent de cette hausse, qui pourrait menacer leurs activités.
La BOTAS dans une situation complexe
L’opérateur de l’oléoduc et la société de négoce a eu besoin d’un paiement de 6,8 milliards de dollars du Trésor l’année dernière. Cette somme devait couvrir le déficit de BOTAS. Toutefois, les pertes se sont accélérées depuis l’invasion de l’Ukraine qui a fait flamber les prix de l’énergie. Cela pose plusieurs problèmes aux autorités turques, qui importent la quasi-totalité de leurs besoins énergétiques.
Ainsi, la BOTAS a, d’une part, acheté des milliards de dollars à la banque centrale pour couvrir ses achats. Cela a eu pour effet d’éroder les réserves de change déjà faibles de la banque. Dans un même temps, les paiements du Trésor à la BOTAS creusent le déficit budgétaire.
D’autre part, toute augmentation de prix imposée par la BOTAS à l’industrie turque pourrait nuire aux efforts du gouvernement. Ce dernier s’est positionné en faveur d’une croissance économique axée sur les exportations. Il souhaite également maintenir une pression à la hausse sur l’inflation, qui a dépassé les 60 %.
La politique du gouvernement turc
Quatre industriels représentant certains des secteurs les plus gourmands en gaz et en électricité, tels que l’acier, la céramique et le ciment, ont déclaré à Reuters que la flambée des coûts ferait grimper les prix de leurs produits.
Jusqu’à présent, la BOTAS a maintenu ses prix du gaz en dessous de ce qu’elle paye. Elle a déclaré que les dernières augmentations des prix, le 1er avril, laissaient encore aux ménages une subvention effective de 70 %. Un haut fonctionnaire du gouvernement se confie à Reuters :
« La BOTAS a apporté un soutien important aux ménages, aux centrales électriques et aux entreprises industrielles. Par rapport à l’Europe continentale, avant la hausse des prix, l’industrie et les centrales électriques payaient un huitième du prix et les ménages un vingtième du prix. Aujourd’hui, la BOTAS enregistre toujours de sérieuses pertes, mais c’est la politique du gouvernement et les subventions continuent ».
Depuis fin 2020, BOTAS a augmenté le prix du gaz naturel pour l’industrie de 568 %, selon les calculs de Reuters. Cela reflète une chute de 49 % de la lire turque par rapport au dollar au cours de cette période, en plus de la hausse des prix mondiaux de l’énergie.
Un déficit de plus en plus inquiétant
Une source proche de Reuters a déclaré :
« Malgré les hausses, la BOTAS a perdu des milliards de dollars au premier trimestre. Si les chiffres actuels se maintiennent pour le reste de l’année, les pertes devraient croître de manière exponentielle ».
Il a ajouté que les problèmes de bilan de la BOTAS devenaient trop importants. Selon lui, même avec un soutien continu du Trésor turc, elle avait désormais des difficultés à emprunter auprès des banques. Interrogé sur ces affirmations, un responsable de la BOTAS a renvoyé Reuters au ministère de l’Énergie, qui n’a pas fait de commentaire.
Toutefois, une autre source proche du dossier s’exprime :
« La préférence du gouvernement est de ne pas procéder à des augmentations de prix qui pousseraient l’inflation à la hausse autant que possible, mais il y a un coût sérieux lié aux prix des matières premières ».
En effet, le coût des importations énergétiques de la Turquie a doublé en janvier et février par rapport à l’année dernière. Rien qu’en février, la BOTAS et d’autres entités publiques ont acheté pour un montant record de 5,37 milliards de dollars en devises étrangères auprès de la Banque centrale.
Ainsi, les industriels ont demandé au gouvernement un soutien. Ils ont également prévenu que de nouvelles hausses des prix de l’énergie se répercuteraient sur les prix des marchandises. Cela aura pour effet de faire grimper l’inflation et de limiter la compétitivité des entreprises turques.