La Turquie importe environ 72% son énergie selon l’IAEA, un niveau très élevé pour un pays de plus de 83 millions d’habitants. Pour faire face au problème, Ankara s’est tournée notamment vers l’énergie nucléaire. Mais la construction de la centrale d’Akkuyu inquiète les pays limitrophes.
La Turquie, nouvelle économie émergente
La Turquie est membre du G20 avec la 20ème économie au monde en termes de PIB nominal. Toutefois, en termes de PIB en parité de pouvoir d’achat (PPA), la Turquie se classe 11ème.
À titre indicatif, la consommation totale d’énergie finale devrait doubler en Turquie d’ici à 2050. Il s’agit de la prévision d’EnerOutlook sur un développement soutenu des économies émergentes qui tient compte de l’effet du réchauffement climatique. D’aparté, un tel scénario n’est compatible qu’avec une augmentation de la température mondiale de trois à quatre degrés Celsius.
Alliance avec la Russie
En 2010, la Russie et la Turquie ont signé un accord, pour que Rosatom construise la centrale nucléaire d’Akkuyu. Cette centrale nucléaire comprendra à terme quatre réacteurs d’une capacité combinée de 4800 MW. Elle répondra ainsi à environ 10% des besoins en électricité de la Turquie. En parallèle, d’autres projets nucléaires sont en cours de planification, notamment dans la région de la mer Noire.
La construction de la centrale nucléaire d’Akkuyu a commencé en décembre 2017. Son coût final devrait s’élever à plus de $20 milliards soit à peu près le PIB de Chypre en 2020. Le premier réacteur devrait être opérationnel en 2023, année qui marquera le centenaire de la République de Turquie.
Chypre s’inquiète
De sérieuses inquiétudes ont surgi sur à la sécurité de la centrale d’Akkuyu, située dans la région à forte activité sismique de Mersin. Entre 2023 et 2026, chaque année un nouveau réacteur de la centrale sera mis en service. Selon le Dr. Yiorghos Leventis, directeur exécutif du forum international de la sécurité, plusieurs controverses concernent ce projet.
La première controverse concerne l’impact de ce gigantesque projet nucléaire turc sur l’environnement. En 2015 déjà, des signatures de spécialistes sur un rapport d’impact environnemental sanctionné par le gouvernement turc avaient été falsifiées. Les spécialistes désignés avaient démissionné six mois avant sa présentation et la société contractante avait ensuite apporté des modifications unilatérales au rapport.
Cette révélation a suscité des protestations au sein de la communauté chypriote turque. La proximité de la future centrale nucléaire d’Akkuyu avec Chypre, à 110 km de Nicosie, suscite ainsi l’inquiétude des ressortissants.
Un risque d’accident nucléaire probable selon Chypre
« Dans le contexte d’un accident nucléaire causé par un tremblement de terre ou autre, Chypre Nord ou Sud devient sans importance. Un accident nucléaire fatal comporte le danger de submerger toute l’île. » déclare le Dr. Yiorghos Leventis
En outre, la Turquie a signé la Convention sur la sûreté nucléaire de 1996, elle n’a pas fait de même avec la Convention commune sur la gestion des déchets radioactifs.
Selon Nicosie, Ankara fait donc preuve d’une approche mitigée à l’égard des instruments juridiques internationaux relatifs à la sûreté nucléaire.