Turkmengaz a récemment achevé la construction des 214 kilomètres de la section turkmène du gazoduc Turkmenistan-Afghanistan-Pakistan-Inde (TAPI). Ce pipeline, long de 1800 kilomètres, a pour objectif de transporter 33 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an, reliant le champ gazier de Galkynysh, le deuxième plus grand au monde, à Fazilka en Inde, via l’Afghanistan et le Pakistan. Cette avancée marque une étape cruciale dans le projet, réaffirmant l’engagement du Turkménistan à devenir un fournisseur clé pour les marchés énergétiques de l’Asie du Sud.
L’achèvement de cette portion turkmène du pipeline permet à Turkmengaz de préparer la transition vers les travaux en Afghanistan. Cependant, la sécurisation du tracé afghan reste une préoccupation majeure. Le contexte sécuritaire en Afghanistan, combiné aux incertitudes politiques, pose des défis significatifs à la réalisation de ce projet ambitieux. Des discussions récentes entre le ministre turkmène des Affaires étrangères, Rashid Meredov, et le vice-premier ministre afghan, Abdul Ghani Baradar, ont mis en lumière l’importance de la coopération bilatérale pour surmonter ces obstacles.
Enjeux sécuritaires et géopolitiques pour le TAPI
Le tracé afghan du TAPI, qui traverse des zones instables, constitue un point de vulnérabilité pour l’ensemble du projet. Les autorités afghanes ont assuré leur soutien, mais les risques demeurent élevés, en particulier dans les régions sous l’influence des Talibans. Pour Turkmengaz, l’engagement des parties prenantes locales est essentiel afin d’assurer la protection des infrastructures et la continuité des travaux.
La dimension géopolitique du TAPI ne peut être sous-estimée. L’interdépendance énergétique entre l’Inde, le Pakistan et l’Afghanistan, induite par ce pipeline, est perçue comme un moyen potentiel de stabiliser les relations régionales. Cependant, les tensions historiques entre l’Inde et le Pakistan, ainsi que la situation interne en Afghanistan, ajoutent une complexité supplémentaire à la réalisation de ce projet. L’avancée turkmène représente une étape importante, mais le succès global du TAPI dépendra largement de la capacité des acteurs régionaux à coopérer au-delà des divergences politiques.
Perspectives économiques du gazoduc TAPI
Le projet TAPI offre une opportunité stratégique pour les quatre pays impliqués. Pour le Turkménistan, il s’agit de diversifier ses marchés d’exportation de gaz, réduisant ainsi sa dépendance vis-à-vis de la Russie et de la Chine. L’Afghanistan, pour sa part, pourrait voir ses revenus augmentés grâce aux frais de transit, tout en bénéficiant d’une source d’énergie stable pour soutenir son développement économique. L’Inde et le Pakistan, confrontés à une demande croissante d’énergie, trouveraient dans le TAPI une solution partielle à leurs besoins énergétiques croissants.
Le succès de ce projet pourrait également encourager d’autres initiatives régionales, renforçant l’intégration économique en Asie du Sud et Centrale. Toutefois, les défis en matière de sécurité et de financement, ainsi que les dynamiques politiques complexes, continuent de peser sur l’avenir du TAPI. Les travaux à venir en Afghanistan seront déterminants pour la poursuite du projet, nécessitant une gestion rigoureuse des risques et une collaboration étroite entre les différents acteurs impliqués.