Le président des États-Unis, Donald Trump, doit entamer une visite d’État en Arabie saoudite avec pour objectif la conclusion d’un partenariat d’investissement atteignant 1 000 milliards $ dans les secteurs stratégiques américains. Cette initiative, soutenue par une promesse initiale de 600 milliards $ de la part du prince héritier Mohammed ben Salmane, intervient dans un contexte géopolitique tendu, où les espoirs de normalisation des relations entre Israël et l’Arabie saoudite sont largement compromis.
Les discussions sur la normalisation mises en pause
Selon plusieurs sources proches des cercles diplomatiques interrogées par Reuters, la guerre en cours à Gaza constitue un obstacle majeur à toute reprise des pourparlers entre Riyad et Tel-Aviv. Un cessez-le-feu immédiat est exigé par les autorités saoudiennes comme condition préalable, mais cette exigence se heurte à l’opposition du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, notamment sur l’idée d’un État palestinien.
Malgré le cadre initial posé lors du premier mandat de Trump avec les Accords d’Abraham, la situation actuelle a poussé les deux parties à dissocier la normalisation des autres dimensions des relations bilatérales, y compris la coopération économique et sécuritaire. Le prince héritier exige désormais une sortie du conflit à Gaza et un processus crédible vers la création d’un État palestinien avant toute reprise des négociations diplomatiques.
Focus sur les projets économiques et la défense
Les discussions menées en amont de la visite ont mis en avant des partenariats dans les domaines de l’armement, des technologies d’intelligence artificielle et des mégaprojets d’infrastructure. Le voyage marque également la reprise des pourparlers sur un pacte de sécurité américano-saoudien, initialement envisagé comme un traité formel, mais désormais présenté sous forme de garanties de sécurité bilatérales plus souples.
Un accord civil sur le nucléaire figure également à l’agenda, selon trois sources diplomatiques. Il vise à renforcer les capacités énergétiques saoudiennes tout en respectant les conditions imposées par le Congrès américain. L’administration Trump souhaite capitaliser sur ces engagements économiques pour renforcer son influence dans la région et contrebalancer la présence grandissante de la Chine.
Influence chinoise et appels à alléger les régulations
La Chine occupe une place croissante dans les plans de développement du royaume, notamment à travers le programme Vision 2030, avec des investissements ciblés dans l’énergie, les infrastructures et les énergies renouvelables. Face à cette concurrence stratégique, les dirigeants saoudiens entendent utiliser la visite de Trump pour plaider en faveur d’un assouplissement des régulations américaines limitant les investissements étrangers dans des secteurs considérés comme critiques.
Des représentants du gouvernement saoudien prévoient d’exhorter Washington à adopter un cadre réglementaire plus favorable, en particulier pour les flux de capitaux en provenance du Golfe. L’enjeu est d’attirer davantage de fonds vers les États-Unis, alors que Pékin intensifie ses efforts pour rediriger ces capitaux vers l’Asie.
Un précédent qui inspire les attentes
La visite actuelle fait écho au premier déplacement de Trump à l’étranger en 2017, déjà marqué par l’annonce de 350 milliards $ d’engagements économiques entre les deux pays. Selon Robert Mogielnicki, chercheur à l’Arab Gulf States Institute, « la priorité est désormais de maximiser l’impact économique et diplomatique du voyage sans heurter les sensibilités régionales ».
Trump ne prévoit pas de halte en Israël pendant cette tournée au Moyen-Orient. Deux diplomates notent également l’absence de référence récente à son projet controversé de réinstallation de la population de Gaza, un silence perçu comme stratégique à l’approche des discussions bilatérales à Riyad.