Donald Trump, candidat à la présidentielle américaine de 2024, a récemment proposé des taxes élevées sur les importations dans le but de stimuler la production nationale et de ramener des emplois manufacturiers aux États-Unis. Les taux envisagés varient entre 20 % pour l’ensemble des importations et jusqu’à 60 % pour certains produits chinois. Ces mesures protectionnistes, cependant, suscitent des réactions opposées dans l’industrie énergétique.
L’industrie pétrolière, largement dépendante des importations de pétrole brut, redoute une augmentation de ses coûts de production, coûts qu’elle pourrait être contrainte de répercuter sur les consommateurs. En 2023, les États-Unis ont importé en moyenne 6,4 millions de barils de brut par jour, principalement du Canada, un approvisionnement essentiel pour de nombreuses raffineries. Selon l’American Petroleum Institute (API), une augmentation des coûts liés aux taxes sur les importations pourrait entraîner une hausse des prix de l’essence, impactant directement les consommateurs.
L’inquiétude de l’industrie pétrolière face aux taxes
L’American Petroleum Institute (API), principal représentant des intérêts de l’industrie pétrolière américaine, a exprimé ses préoccupations. Justin Prendergast, porte-parole de l’API, souligne que ces tarifs pourraient non seulement augmenter le coût des importations de brut, mais aussi affecter l’approvisionnement en matériaux nécessaires au forage et à la production. En conséquence, les raffineries, dont beaucoup sont optimisées pour le traitement de brut importé, risquent de voir leurs coûts de production augmenter, ce qui pourrait se traduire par une hausse des prix à la pompe pour les consommateurs.
Pour Prendergast, une reconfiguration des infrastructures afin de s’adapter à des sources d’approvisionnement locales serait coûteuse et difficilement réalisable à court terme. En conséquence, nombre de raffineries pourraient préférer continuer leurs importations malgré les tarifs, entraînant des coûts additionnels qui se répercuteraient sur le marché intérieur.
Une opportunité pour les producteurs de biocarburants
Du côté de l’industrie des biocarburants, les perspectives sont plus favorables. Les producteurs de biocarburants, qui transforment des matières premières comme le maïs ou le soja en carburant, espèrent que ces tarifs contribueront à limiter la concurrence étrangère et à encourager la production locale. La Renewable Fuels Association (RFA), qui représente les intérêts de l’industrie des biocarburants, a exprimé un certain soutien à une réglementation ciblée. Geoff Cooper, président de la RFA, défend l’idée d’une approche qui limiterait l’accès au marché américain pour certains produits étrangers, notamment ceux utilisant des matières premières comme l’huile de cuisson en provenance de Chine.
Selon Cooper, une telle approche permettrait d’encourager la production nationale tout en maintenant un équilibre avec les relations commerciales américaines. La RFA, tout en restant favorable aux échanges commerciaux, insiste sur le besoin de mesures justes pour protéger les producteurs locaux face à une concurrence internationale accrue.
Un secteur énergétique divisé
Les propositions de Donald Trump sur les taxes douanières soulignent les divisions au sein de l’industrie énergétique américaine. Le secteur pétrolier redoute une hausse des prix de l’essence qui pourrait affecter les consommateurs, tandis que les biocarburants perçoivent ces taxes comme une chance de renforcer leur position sur le marché local. Cette divergence reflète l’incertitude entourant la politique commerciale envisagée par Trump et les répercussions potentielles de cette approche protectionniste sur le secteur énergétique aux États-Unis.