Les importations indiennes de pétrole brut en provenance de Russie ont une nouvelle fois été placées sous les projecteurs après des déclarations publiques de Donald Trump. L’ancien président américain, en campagne pour un retour à la Maison Blanche, a affirmé que le Premier ministre indien Narendra Modi lui avait assuré que l’Inde mettrait fin à ses achats de brut russe.
Trump met la pression sur les relations commerciales
Cette déclaration intervient après la décision américaine de taxer à hauteur de 50% certains produits indiens importés aux États-Unis. Cette mesure a été présentée par l’administration Trump comme une réponse au maintien des liens énergétiques entre l’Inde et la Russie, dans un contexte où Washington cherche à limiter les revenus pétroliers de Moscou.
Le ministère indien des Affaires extérieures n’a ni confirmé ni infirmé les propos de Donald Trump. Il a rappelé que la politique énergétique du pays vise avant tout à défendre les intérêts des consommateurs indiens. Cette déclaration reflète la stratégie d’approvisionnement diversifiée de l’Inde, qui importe environ 85% de sa consommation de pétrole brut.
Un partenariat énergétique renforcé avec la Russie
La Russie est devenue en 2024 le principal fournisseur de pétrole de l’Inde, représentant 36% des importations contre seulement 2% en 2021. L’an dernier, New Delhi a importé environ 1,8 million de barils de brut russe par jour, ce qui en fait le deuxième plus grand acheteur mondial de pétrole russe après la Chine.
Malgré les nouvelles surtaxes américaines, les données de septembre montrent peu de changement immédiat. L’Inde a importé environ 1,6 million de barils par jour ce mois-là, selon la plateforme Kpler, une baisse de 10% par rapport à la moyenne annuelle. Les analystes estiment que cette variation est liée à l’évolution des cours du pétrole et non à une modification des contrats d’approvisionnement.
Répercussions sur les flux commerciaux bilatéraux
L’instauration de droits de douane supplémentaires sur les exportations indiennes vers les États-Unis a déjà eu un effet mesurable. Selon les données du ministère indien du Commerce, les exportations de septembre ont chuté de 11,93% par rapport à septembre 2024 et de 20% par rapport au mois précédent.
En parallèle, les exportations totales de l’Inde ont progressé de 6,37% sur un an pour atteindre 36,38 milliards de dollars, en raison d’une hausse des livraisons vers des marchés comme la Chine et les Émirats arabes unis. Cette évolution souligne une redéfinition partielle des priorités commerciales indiennes, dans un contexte de tensions croissantes avec Washington.
Le brut russe, un compromis économique pour New Delhi
Selon le ministère indien des Affaires extérieures, le détournement d’approvisionnements traditionnels vers l’Europe a contraint New Delhi à rechercher de nouveaux partenaires, dont la Russie. Moscou a accordé des rabais significatifs sur son brut en raison des sanctions occidentales, permettant à l’Inde de maîtriser ses coûts énergétiques.
La part du Moyen-Orient dans les importations indiennes de brut est passée de 60% avant 2022 à 45% en 2024. Les raffineries indiennes sont techniquement capables d’adapter leur approvisionnement, selon l’analyste Sumit Ritoila de Kpler. Toutefois, une substitution rapide du brut russe entraînerait une hausse probable des coûts et de nouvelles contraintes politiques.
« Il lui serait techniquement possible de renoncer au brut russe », écrit M. Ritoila, « mais ce serait politiquement et économiquement périlleux ».