Le président américain Donald Trump a déclaré vouloir imposer des tarifs douaniers de 100% sur les pays qui continuent à importer du pétrole russe, à moins que Moscou n’accepte un accord de paix sous 50 jours. Cette menace, qui arriverait à échéance début septembre, rappelle une précédente annonce en mars visant les acheteurs de brut vénézuélien, restée sans suite concrète.
Répercussions attendues sur l’équilibre du marché pétrolier
Selon plusieurs analystes interrogés par Reuters, cette mesure serait difficile à mettre en œuvre sans provoquer une forte instabilité sur les marchés mondiaux de l’énergie. Une application stricte de ces sanctions secondaires pourrait retirer plus de 4,5 millions de barils par jour de l’offre mondiale, exerçant une pression haussière significative sur les prix du pétrole.
La sensibilité du président américain aux variations des cours du brut est connue. Deux jours après l’annonce de ces menaces, Donald Trump déclarait qu’un prix de 64 dollars le baril était « un excellent niveau », et qu’il cherchait à le faire baisser légèrement pour contenir l’inflation. Depuis, les prix se sont maintenus dans la fourchette des 60 dollars, sans signe de choc imminent lié à l’offre.
Marchés asiatiques et contournements des sanctions
Les raffineurs indiens, grands acheteurs de brut russe, ne s’attendent pas à un changement de politique et n’ont pris aucune mesure pour réduire leurs achats, ont indiqué trois sources du secteur. Les importations indiennes en provenance de Russie ont même progressé d’environ 1% au premier semestre, selon des données commerciales, avec Reliance Industries et Nayara Energy réalisant près de la moitié de ces volumes.
La Chine, principal client du pétrole vénézuélien, a contourné les restrictions américaines en important plus d’un milliard de dollars de brut reconditionné sous pavillon brésilien. Cette stratégie, en place depuis les premières sanctions en 2019, a permis aux exportations vénézuéliennes de croître en juin malgré le manque d’acheteurs occidentaux.
Cadre réglementaire incertain et position du Congrès
Le ministère des Finances des États-Unis a indiqué être prêt à appliquer des sanctions si la Russie ne répond pas aux exigences de l’exécutif. Toutefois, le précédent des menaces sur le pétrole vénézuélien, qui n’ont pas été suivies d’effets, alimente le scepticisme des opérateurs.
Un projet de loi au Sénat américain prévoit d’imposer des tarifs de 500% sur les acheteurs de brut russe, mais il reste en suspens, sans calendrier défini. Même en cas d’adoption, le texte permettrait au président de suspendre les mesures, réduisant leur portée effective.
Depuis le début de l’année, les États-Unis ont ciblé 19 ressortissants russes dans le cadre de programmes de sanctions, principalement liés au terrorisme, à la cybersécurité et à la Corée du Nord, selon un ancien enquêteur du Trésor. À titre de comparaison, 75 personnes et entités iraniennes et 109 chinoises ont été sanctionnées sur la même période.