Les États-Unis poursuivent leur stratégie d’influence dans l’hémisphère occidental sans viser une rupture directe entre le Venezuela et l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). Malgré les tensions croissantes autour du président vénézuélien Nicolas Maduro, l’administration Trump n’envisage pas de remettre en cause la place du pays sud-américain au sein du cartel pétrolier, selon les récentes orientations en matière de sécurité nationale.
Venezuela, membre fondateur de l’OPEP depuis 1960, conserve une importance symbolique et stratégique pour l’organisation. Bien que sa production pétrolière ait chuté de 3,7 millions de barils par jour dans les années 1970 à moins de 1 million en 2024, le pays détient toujours les plus importantes réserves prouvées de brut au monde, estimées à 303 milliards de barils en 2023, selon l’Energy Information Administration des États-Unis. Ces ressources, principalement situées dans la ceinture de l’Orénoque, suscitent un intérêt croissant de la part des acteurs pétroliers occidentaux.
Les liens persistants entre Caracas et l’industrie pétrolière américaine
L’histoire énergétique du Venezuela est profondément liée à celle des États-Unis, notamment par la présence historique de groupes tels que Chevron, ExxonMobil ou Shell. Bien que le secteur ait été nationalisé à plusieurs reprises, Chevron continue d’y opérer grâce à une dérogation obtenue en 2019. Un changement de gouvernement aligné sur Washington pourrait ouvrir la voie à un retour rapide des sociétés américaines et européennes. Les projections de Rapidan Energy indiquent qu’une telle transition pourrait permettre à la production de grimper de 1 million de barils supplémentaires par jour en dix ans.
L’administration Trump semble préférer une stratégie d’influence interne plutôt qu’une confrontation ouverte avec l’OPEP. Malgré l’introduction répétée de propositions de loi NOPEC (No Oil Producing and Exporting Cartels Act) au Congrès, aucune d’entre elles n’a été promulguée. Le président Trump, qui avait vivement critiqué l’OPEP en 2018, entretient désormais des relations étroites avec l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, ce qui contribue à limiter les tensions avec le cartel.
Des équilibres stratégiques entre Riyad, Caracas et Washington
L’OPEP a joué un rôle central dans la stratégie de stabilisation des marchés pétroliers durant la pandémie de COVID-19, en orchestrant des réductions de production coordonnées qui ont permis de soutenir les prix. À son retour au pouvoir, Donald Trump a de nouveau sollicité Riyad pour augmenter la production et contenir les prix à la consommation. En avril, l’alliance OPEP+, incluant la Russie, a annoncé l’assouplissement progressif de ces réductions.
Dans ce contexte, l’organisation souhaite conserver le Venezuela dans son périmètre, malgré les divisions internes croissantes. « Pour ces deux cofondateurs de l’OPEP, il est plus important de garder le Venezuela dans l’organisation que pour Trump », a déclaré Bob McNally, président de Rapidan Energy. Selon les analystes, tout scénario de transition chaotique au Venezuela, en particulier militaire, pourrait perturber durablement les capacités de production du pays.
L’approche actuelle privilégie donc la stabilité et la continuité au sein de l’OPEP, avec un Venezuela sous influence plutôt qu’isolé. L’objectif affiché par la Maison-Blanche reste d’assurer un accès durable aux ressources énergétiques de Caracas sans déclencher de rupture brutale avec les équilibres actuels du marché pétrolier mondial.