L’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis marque un tournant pour la politique climatique mondiale. En tant que deuxième plus grand émetteur de gaz à effet de serre, les États-Unis jouent un rôle clé dans les négociations climatiques et les engagements de réduction d’émissions. La réélection de Trump pourrait toutefois affaiblir ces efforts et modifier profondément les perspectives mondiales en matière de lutte contre le changement climatique.
La position de Trump, favorable au secteur pétrolier et sceptique envers le changement climatique, contraste fortement avec la politique de son prédécesseur, Joe Biden, qui avait renforcé les initiatives pour limiter les émissions de carbone. Durant sa campagne, Trump a promis une expansion massive des forages pétroliers et a remis en question la réalité du changement climatique, soulignant l’importance des ressources naturelles américaines. Selon lui, les États-Unis possèdent des réserves de pétrole et de gaz plus importantes que celles de l’Arabie Saoudite ou de la Russie, ce qui, d’après ses déclarations, devrait être exploité.
Implications internationales de la politique américaine
Un retrait américain des engagements climatiques pourrait encourager d’autres nations à revoir leurs objectifs à la baisse. Dès son investiture en janvier, Trump pourrait relancer le processus de retrait de l’Accord de Paris, une décision qui affaiblirait considérablement les engagements mondiaux. Cet accord, signé en 2015, visait une réduction ambitieuse des émissions de gaz à effet de serre pour limiter le réchauffement climatique à un seuil acceptable. Les États-Unis s’y étaient engagés à réduire leurs émissions de moitié d’ici 2030, un objectif qui s’éloignerait avec la réorientation de la politique américaine.
Laurence Tubiana, architecte de l’Accord de Paris, alerte sur le risque de « contagion » de cette décision : un désengagement des États-Unis pourrait influencer d’autres grandes économies, comme la Chine et l’Inde, à diminuer également leurs efforts climatiques.
Les conséquences directes pour les émissions de CO2
Une analyse récente de Carbon Brief estime qu’une présidence Trump pourrait entraîner une augmentation de 4 milliards de tonnes d’équivalent CO2 d’ici 2030 par rapport aux projections sous une administration démocrate, soit l’équivalent des émissions annuelles combinées de l’Europe et du Japon. Cette hausse des émissions aurait un effet direct sur le réchauffement mondial, compromettant davantage la stabilité climatique.
Révocation des normes environnementales
Trump s’est engagé à abroger les normes imposées par l’administration Biden, notamment celles sur les émissions des centrales à charbon et des véhicules. Les restrictions visant à accélérer la transition vers des véhicules électriques pourraient être supprimées, freinant l’adoption des énergies renouvelables dans les transports. En parallèle, il envisage de lever le moratoire sur les terminaux d’exportation de gaz naturel liquéfié (GNL), stimulant davantage les industries fossiles.
La politique de l’Inflation Reduction Act (IRA) de Biden, qui prévoyait des investissements massifs dans les énergies propres, pourrait également être remise en question. Trump souhaite annuler les fonds non dépensés de cette loi, mettant ainsi fin aux crédits d’impôt et aux investissements dans les infrastructures vertes. Toutefois, ces changements seraient contestés devant les tribunaux, avec des procédures susceptibles de durer des mois, voire des années.
Répercussions sur les pays vulnérables
L’abandon des initiatives climatiques américaines aurait des conséquences profondes, notamment pour les nations les plus vulnérables aux impacts climatiques. Leah Stokes, politologue et spécialiste du climat, souligne que le désengagement des États-Unis menace les efforts mondiaux pour atténuer les effets dévastateurs du changement climatique, comme les ouragans et la montée des eaux, qui touchent en priorité les pays pauvres.
Joyce Banda, ancienne présidente du Malawi, exprime également ses inquiétudes pour les nations en développement, souvent les premières victimes des catastrophes naturelles. Elle rappelle que ces pays, bien que moins responsables des émissions mondiales, subissent les impacts les plus sévères des perturbations climatiques.
Le climat, enjeu clé pour l’avenir
Alors que le monde entre dans une décennie cruciale pour limiter le réchauffement global, la politique climatique des États-Unis pourrait influencer les décisions internationales. Johan Rockström, de l’Institut de Potsdam pour la recherche sur l’impact climatique, avertit que les quatre prochaines années pourraient représenter une « pause que le monde ne peut pas se permettre ». Le leadership des États-Unis en matière climatique est donc un facteur déterminant pour l’avenir de l’accord de Paris et la transition énergétique mondiale.