Trianel GmbH (Trianel), coopérative de services publics municipaux basée à Aix-la-Chapelle, prévoit d’ériger à Waltrop, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, un parc de batterie d’une puissance initiale de 900 mégawatts (MW) et de 1 800 mégawattheures (MWh). Fruit d’un investissement conjoint avec BKW AG (BKW) et Luxcara GmbH (Luxcara), le projet figure déjà parmi les plus ambitieux d’Allemagne. Implanté sur une friche industrielle anciennement réservée à la construction d’une centrale au charbon à Lünen, le site vise à convertir une ressource inutilisée en actif de flexibilité réseau. Les partenaires soulignent que la capacité sera entièrement pilotable pour les services d’équilibrage et l’arbitrage sur les marchés de gros.
Capacité et configuration
La première tranche comprendra trois systèmes de stockage par batterie, ou Battery Energy Storage Systems (BESS), chacun dimensionné à 300 MW. Ensemble, ils délivreront 1 800 MWh, soit l’équivalent de deux heures de pleine décharge à la puissance nominale. Les conteneurs utiliseront la technologie Lithium-Fer-Phosphate (LFP), privilégiée pour sa durabilité thermique et son nombre élevé de cycles. Trianel a déjà pré-qualifié des fournisseurs pour garantir que l’ensemble respecte les normes européennes de sécurité incendie.
Au-delà de cette première phase, une capacité additionnelle pouvant atteindre 600 MW est en phase de conception, portant le potentiel du site à 1,5 gigawatt (GW). L’expansion dépendra de la vitesse à laquelle les réseaux régionaux absorberont les nouvelles productions renouvelables et des signaux de prix sur les services de réserve. Le terrain, déjà raccordé au réseau haute tension par l’ex-infrastructure charbon, permet d’ajouter des modules sans travaux lourds d’interconnexion. Cette modularité réduit les coûts marginaux et accélère les délais de mise en service.
Rôle des partenaires
Trianel assurera la maîtrise d’ouvrage et l’optimisation de l’actif sur les marchés spot et intraday grâce à sa filiale de trading. Luxcara, qui a sécurisé 520 MW de capacité pour le compte de fonds institutionnels, structurera le financement long terme via des contrats de partage de revenus. BKW mobilisera son expérience d’ingénierie pour la conception, la construction et la maintenance, tout en valorisant les capacités via sa salle des marchés à Berne. D’autres services publics allemands négocient une entrée au capital au cours de l’année afin de mutualiser les risques d’exploitation.
Le chantier doit débuter en 2026, sous réserve de l’obtention finale des permis environnementaux. Les partenaires visent une mise en exploitation commerciale au premier trimestre 2028, ce qui leur permettra de participer aux enchères de réserve primaire cette même année. Les conteneurs LFP seront livrés sous forme pré-câblée, réduisant à huit semaines la phase d’installation par lot de 100 MW. Le raccordement se fera sur une barre de 380 kilovolts déjà existante à proximité.
Contexte marché
Selon Clean Energy Wire, la capacité des grands systèmes de batteries raccordés en Allemagne atteignait 2,3 GWh fin 2024, avec une multiplication par cinq envisagée dans les deux ans grâce à un portefeuille de projets totalisant 226 GW en file d’attente. Les gestionnaires de réseau estiment que les besoins en flexibilité horaire tripleront d’ici 2030 en raison de la volatilité accrue de l’éolien et du solaire. Dans ce contexte, les revenus des actifs BESS pourraient provenir à parts égales de la réserve primaire, de l’arbitrage intrajournalier et des contrats de capacité régionaux. Les promoteurs de Waltrop tablent ainsi sur une période d’amortissement inférieure à douze ans, basée sur un spread moyen de 30 €/MWh.