La transition énergétique repose sur l’innovation technologique. Cette innovation a récemment conduit à l’explosion du nombre de brevets. Cependant, cette explosion n’est pas uniforme et concerne des technologies variées selon le dernier rapport de l’IEA.
La transition énergétique appelle à l’innovation constante
Depuis 2017, l’Agence Internationale de l’Énergie (IEA) constate une hausse importante des brevets déposés concernant les technologies à faibles émissions de carbone. Dans le même temps, l’Agence constate un recul des brevets concernant les énergies fossiles. Ces deux tendances inversées montrent donc la force de l’innovation en faveur des technologies de transition énergétique.
Cependant, cette hausse est consécutive à des années de baisse depuis 2013. Après une accélération entre 2000 et 2013, les années 2013-2017 ont marqué un ralentissement. La vitesse atteinte depuis 2017 a du mal à rattraper le rythme avant 2013, mais concerne différents types de technologies. Cette variété du rythme de développement de technologies pourrait dire beaucoup du futur de l’innovation, plutôt tournée vers les technologies d’application.
Des différences selon que l’on parle de production ou d’usage
À noter que les technologies de production d’énergie décarbonée font moins l’objet de brevets que les technologies d’usage. Par exemple, les technologies de production de l’hydrogène font de moins en moins l’objet de brevets, comparé au nombre de brevets déposés pour l’usage de cet hydrogène. Ainsi, de plus en plus de brevets de piles à hydrogène, ou même d’usages encore plus finaux (voitures etc) voient le jour.
Cette tendance pourrait s’interpréter comme une sorte d’étape franchie dans le développement de ces énergies. Après une période, depuis 2000, marquée par le développement de technologies secondaires, on assiste au développement de technologies secondaires. Ces technologies sont également primordiales à la transition énergétique.
L’importance des technologies finales
Ces technologies finales sont primordiales pour permettre une transition énergétique. Elles sont ce qui permet de faire le lien entre le développement technologique et l’usage à grande échelle dans les sociétés. Par exemple, les brevets concernant les voitures électriques sont primordiaux dans la transition énergétique qui changera la vie quotidienne des populations. Les brevets ne sont donc pas uniquement un indicateur du dynamisme de l’innovation, sous l’angle de la propriété intellectuelle. Ce sont aussi un indice sur les futures orientations des habitudes quotidiennes.
Les technologies dynamiques incluent aussi des technologies secondaires nécessaires à la transition énergétique. On peut par exemple évoquer les technologies de captation de carbone (CCUS), qui font l’objet de plus en plus de protection par brevets. Les technologies favorisant l’efficacité énergétique sont également concernées. L’ensemble des étapes de la transition énergétique font donc l’objet d’un dynamisme, à l’exception des technologies de production d’énergies. On passe donc dans une phase d’exploitation des technologies primaires.
Des dynamiques nationales et internationale concordantes
Ces dynamiques sont en grande partie spécialisées à l’échelle nationale. Par exemple, l’Europe est spécialiste des brevets d’énergies à faible émission. À l’inverse, le Japon est spécialiste des technologies exploitant l’hydrogène, avec notamment les batteries et les véhicules électriques. Les États-Unis, à l’inverse, sont encore dans des dynamiques de brevets concernant les énergies fossiles. Ces dynamiques concordent avec les politiques locales, comme par exemple le recours à l’extraction de gaz et pétroles de schiste aux États-Unis.
Cette division internationale de l’innovation dessine une carte du monde des énergies renouvelables, qui se calque relativement sur la carte du monde des initiatives en faveur de la transition énergétique.
Cependant, cette dynamique de protection intellectuelle peut poser problème dans le cadre de la coopération internationale. Il est communément admis que la transition énergétique passera par une coopération globale. Or, on peut craindre une sorte de nationalisme technologique qui passerait par les brevets et ralentirait la transition énergétique.