Wood Mackenzie, dans son analyse intitulée « Une transition énergétique retardée », examine les conséquences d’un retard de cinq ans sur les efforts mondiaux de décarbonation. Ce scénario prévoit une baisse drastique des dépenses annuelles moyennes, tombant à 1,7 trillion de dollars, soit 55 % de moins que dans le scénario de neutralité carbone de 2050 de Wood Mackenzie, qui décrit les investissements nécessaires pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris.
Investissements et répercussions économiques
Dans un contexte de transition retardée, le total des investissements nécessaires atteindrait jusqu’à 48 trillions de dollars, une diminution significative par rapport aux 75 trillions de dollars estimés nécessaire pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Cette réduction des investissements aurait un impact marqué sur le CCUS (secteur des énergies renouvelables et sur les initiatives de captage et de stockage du carbone), où les investissements chuteraient à 2 %, contre 8 % dans le scénario de neutralité carbone.
Implications politiques et climatiques
Prakash Sharma, Vice-président des Scénarios et Technologies chez Wood Mackenzie, souligne que: « Alors que la moitié de la population mondiale se dirige vers les urnes en 2024, les réalités politiques et le scepticisme climatique dans les principaux pays émetteurs, tels que les États-Unis et l’Europe, pourraient réduire le soutien à la transition alors que les électeurs recherchent la sécurité économique et la stabilité des prix ». Ajoutant que: « Le bilan mondial réalisé lors de la COP28 en décembre 2023 a également confirmé qu’aucun pays majeur n’était sur la bonne voie pour atteindre les engagements alignés sur l’accord de Paris et qu’une action politique forte et des investissements en capital étaient nécessaires pour accélérer la transition. En effet, l’Europe et le Royaume-Uni ont déjà repoussé les objectifs climatiques pour 2030 et d’autres pays pourraient suivre. »
Conséquences sur les marchés de l’énergie
Dans ce scénario retardé, la demande de pétrole atteindrait un pic à 114 millions de barils par jour en 2033, presque 6 millions de barils par jour de plus que dans le scénario de base, en raison de l’adoption plus lente des véhicules électriques hors de Chine. La demande de gaz naturel ne culminerait qu’en 2045. Parallèlement, la résilience du charbon limiterait la croissance de la demande de gaz, maintenant des marchés des matières premières plus tendus et volatiles pour une période prolongée.
Urgence et actions requises
La transition retardée signifie que les technologies de capture et de suppression du carbone devront jouer un rôle dominant pour restaurer l’équilibre du carbone et atteindre les objectifs climatiques à long terme. Les émissions devraient atteindre leur apogée en 2032 et le budget carbone restant pour un monde à 1,5°C serait épuisé d’ici 2027, affaiblissant encore la capacité des pays à respecter les objectifs de l’Accord de Paris à temps.
Un retard dans la transition énergétique a des implications profondes non seulement sur le plan économique, mais aussi sur la capacité à combattre efficacement le changement climatique. L’accélération de la transition vers une économie bas carbone n’est pas seulement une nécessité environnementale, mais également une impérative stratégie économique globale.