articles populaires

Transition énergétique: Défis du programme JETP dans les pays en développement

Le JETP, une initiative soutenue par le G7, promet de financer la transition énergétique des nations en développement. Toutefois, des retards de financement et des obstacles structurels freinent l'atteinte des objectifs climatiques dans des pays comme l'Afrique du Sud, l'Indonésie, le Vietnam et le Sénégal.

Partagez:

Le Just Energy Transition Partnership (JETP) est un programme de financement international conçu pour accélérer la transition énergétique des pays en développement. Il vise à réduire les émissions de carbone et à favoriser l’adoption des énergies renouvelables. Soutenu principalement par les pays du G7, ainsi que par d’autres donateurs, le JETP a pour objectif d’accompagner des pays fortement dépendants du charbon dans leur processus de décarbonation. Les pays bénéficiaires, comme l’Afrique du Sud, l’Indonésie, le Vietnam et le Sénégal, doivent faire face à d’importants défis pour atteindre leurs engagements climatiques, malgré des financements promis.

Afrique du Sud : un pionnier confronté à des coupures de courant

L’Afrique du Sud a été le premier pays à signer un accord dans le cadre du JETP en 2021, bénéficiant d’un financement de 8,5 milliards de dollars. L’objectif principal est de limiter les émissions annuelles de CO2 entre 350 et 375 millions de tonnes d’ici 2030. Ce plafond, inscrit dans l’accord de Paris, est crucial pour réduire la dépendance à l’énergie fossile, notamment le charbon qui représente plus de 80 % du mix énergétique du pays.
Cependant, la réalisation de ces objectifs est compromise par une crise électrique persistante. Les coupures de courant récurrentes obligent les autorités à revoir leurs priorités. En juillet 2024, un ministre sud-africain a déclaré que la résolution des coupures de courant est désormais la priorité, ce qui retarde le calendrier initial de mise hors service des centrales à charbon. Le financement du JETP est majoritairement destiné à des projets d’électricité propre, mais le pays peine à concilier ses besoins énergétiques immédiats et ses engagements climatiques de long terme.

Indonésie : des ambitions limitées par un déblocage financier lent

Avec une promesse de financement de 20 milliards de dollars en 2022, l’Indonésie est le plus grand bénéficiaire du JETP. Le plan vise à réduire les émissions de CO2 de 300 millions de tonnes à 250 millions de tonnes d’ici 2030 pour le secteur énergétique connecté au réseau, tout en augmentant la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique de 12 % en 2022 à 44 % d’ici 2030.
Toutefois, les décaissements sont restés limités à 144,6 millions de dollars à la mi-2024, majoritairement sous forme de subventions et d’assistance technique. Le financement privé, qui doit compléter le financement public fourni par les donateurs du G7, n’a pas encore été pleinement mobilisé. Un projet notable soutenu par les États-Unis a alloué 126 millions de dollars à la géothermie, une ressource clé pour l’Indonésie. Néanmoins, la dépendance du pays au charbon, qui assure encore plus de 60 % de l’électricité nationale, rend complexe l’abandon progressif de ce combustible fossile.

Vietnam : des objectifs climatiques plus précoces

En décembre 2022, le Vietnam a signé un accord JETP avec un financement de 15,5 milliards de dollars. Le pays ambitionne de plafonner les émissions de gaz à effet de serre de son secteur électrique à 170 millions de tonnes d’ici 2030, cinq ans plus tôt que prévu. À plus long terme, il vise à réduire ces émissions à 101 millions de tonnes d’ici 2050, un objectif ambitieux compte tenu de la croissance économique rapide du pays.
Pour y parvenir, le Vietnam limite l’extension de sa capacité installée de centrales au charbon à 30,13 gigawatts d’ici 2030, contre 25,3 GW en 2022. Le pays a identifié plus de 220 projets d’investissement dans les énergies renouvelables et travaille avec 60 groupes pour mobiliser les fonds nécessaires. Les investissements se concentrent principalement sur l’énergie solaire et éolienne, compte tenu du fort potentiel du pays dans ces deux secteurs.

Le Sénégal : un chemin vers une énergie plus propre

En juin 2023, le Sénégal est devenu le quatrième pays à signer un accord JETP, bénéficiant d’une promesse de financement de 2,5 milliards d’euros menée par les pays de l’Union européenne. L’objectif est de porter la part des énergies renouvelables à 40 % du mix énergétique du pays d’ici 2030, contre 29 % en 2022. Contrairement à d’autres pays bénéficiaires du JETP, le Sénégal se concentre moins sur une sortie immédiate du charbon, mais plutôt sur une accélération de l’adoption des énergies renouvelables, en particulier l’énergie solaire.
Le Sénégal et ses partenaires internationaux doivent publier un plan d’investissement détaillé avant la fin de 2024. Bien que le développement de la transition énergétique dans le pays soit plus lent, sa taille plus réduite et son secteur énergétique en croissance offrent des perspectives prometteuses pour une transition rapide.

Défis et perspectives du JETP

Bien que le JETP soit une initiative louable, plusieurs obstacles freinent sa mise en œuvre efficace. Tout d’abord, les retards dans la mobilisation des fonds, comme observé en Indonésie et au Vietnam, ralentissent la progression des projets d’énergie renouvelable. De plus, la dépendance historique de nombreux pays au charbon complique leur transition vers un mix énergétique décarboné.
La capacité technologique constitue également un défi majeur, car les infrastructures électriques existantes ne sont pas toujours adaptées à l’intermittence des énergies renouvelables. Parallèlement, les pays en développement doivent s’assurer que la transition énergétique ne compromet pas leur sécurité énergétique, en particulier alors qu’ils sont confrontés à une demande croissante d’électricité.
Les pays bénéficiant du JETP, tels que l’Afrique du Sud, l’Indonésie, le Vietnam et le Sénégal, montrent des signes de progrès, mais ils devront relever ces défis avec le soutien continu des donateurs internationaux et une mobilisation accrue du financement privé pour atteindre leurs objectifs climatiques à temps.

Inscrivez-vous gratuitement pour un accès sans interruption.

Publicite

Récemment publiés dans

Téhéran avertit que la résolution des pays européens visant à condamner son programme nucléaire à l’AIEA risque de perturber gravement les relations avec l’agence onusienne, alors qu’un vote crucial est prévu.
Les négociations de la COP29 illustrent les enjeux cruciaux de la diplomatie énergétique, où financement climatique et engagements sur les énergies fossiles divisent pays développés et en développement.
Les négociations de la COP29 illustrent les enjeux cruciaux de la diplomatie énergétique, où financement climatique et engagements sur les énergies fossiles divisent pays développés et en développement.
Alors qu’il accueillera la COP30 en 2025, le Brésil, producteur majeur de pétrole, veut jouer un rôle clé dans la transition énergétique en promouvant un débat global sur la réduction progressive des combustibles fossiles.
Alors qu’il accueillera la COP30 en 2025, le Brésil, producteur majeur de pétrole, veut jouer un rôle clé dans la transition énergétique en promouvant un débat global sur la réduction progressive des combustibles fossiles.
Le géant pétrolier brésilien Petrobras envisage un retour en Argentine, attiré par le potentiel de Vaca Muerta et un nouvel accord de coopération énergétique entre les deux nations.
Le géant pétrolier brésilien Petrobras envisage un retour en Argentine, attiré par le potentiel de Vaca Muerta et un nouvel accord de coopération énergétique entre les deux nations.
Le Suriname et la Chine ont signé un accord pour rééchelonner une dette de 475 millions de dollars, première étape pour relancer l'économie du pays sud-américain, en crise malgré ses vastes réserves pétrolières.
Les États-Unis et les Européens ont présenté une résolution à l’AIEA pour condamner l’Iran, accusé de ne pas coopérer pleinement sur son programme nucléaire. Téhéran met en garde contre les répercussions de cette décision.
Les États-Unis et les Européens ont présenté une résolution à l’AIEA pour condamner l’Iran, accusé de ne pas coopérer pleinement sur son programme nucléaire. Téhéran met en garde contre les répercussions de cette décision.
À COP29, le Japon suit la ligne européenne sur les contributions financières climatiques et adopte une approche mesurée sur le mécanisme d'ajustement carbone aux frontières (CBAM), tout en examinant ses objectifs énergétiques à long terme.
À COP29, le Japon suit la ligne européenne sur les contributions financières climatiques et adopte une approche mesurée sur le mécanisme d'ajustement carbone aux frontières (CBAM), tout en examinant ses objectifs énergétiques à long terme.
La Chine investit massivement dans le secteur énergétique brésilien, avec des projets structurants dans la production et la transmission d’électricité, accélérant le développement économique et l'intégration des réseaux électriques du pays.
La Chine investit massivement dans le secteur énergétique brésilien, avec des projets structurants dans la production et la transmission d’électricité, accélérant le développement économique et l'intégration des réseaux électriques du pays.
La COP29, tenue à Bakou, attire l'attention sur la présence massive de représentants des énergies fossiles. Entre lobbying et nécessité énergétique, le débat sur leur rôle dans la transition climatique s'intensifie.
Cuba, frappée par deux ouragans et une crise énergétique aiguë, reçoit un soutien renforcé de la Russie, incluant dons financiers, équipements et un partenariat éducatif pour développer son secteur énergétique.
Cuba, frappée par deux ouragans et une crise énergétique aiguë, reçoit un soutien renforcé de la Russie, incluant dons financiers, équipements et un partenariat éducatif pour développer son secteur énergétique.
Les tankers liés aux pays du G7 reprennent du service en Russie, atteignant leur plus haut niveau en sept mois, profitant des opportunités offertes par la faiblesse du prix du brut russe sous le plafond de 60 $/b.
Les tankers liés aux pays du G7 reprennent du service en Russie, atteignant leur plus haut niveau en sept mois, profitant des opportunités offertes par la faiblesse du prix du brut russe sous le plafond de 60 $/b.
L'ouverture de la COP29 a été marquée par des tensions autour du mécanisme de taxe carbone européen (CBAM), suscitant un débat entre pays développés et émergents. Un point sensible qui pourrait redéfinir la coopération climatique internationale.
L'ouverture de la COP29 a été marquée par des tensions autour du mécanisme de taxe carbone européen (CBAM), suscitant un débat entre pays développés et émergents. Un point sensible qui pourrait redéfinir la coopération climatique internationale.
La COP29 inaugure un cadre réglementaire pour les échanges de crédits carbone entre pays et entreprises, sous la houlette de l'ONU, avec pour objectif d'assurer la fiabilité de ces transactions dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Lors de l'ouverture de la COP29 à Bakou, le président azerbaïdjanais Ilham Aliev a réaffirmé le droit de son pays à exploiter ses ressources naturelles. Les pays en développement plaident, de leur côté, pour une aide financière accrue des nations riches.
Lors de l'ouverture de la COP29 à Bakou, le président azerbaïdjanais Ilham Aliev a réaffirmé le droit de son pays à exploiter ses ressources naturelles. Les pays en développement plaident, de leur côté, pour une aide financière accrue des nations riches.
À la COP29, l’Azerbaïdjan presse les négociateurs pour une adoption rapide des règles de l’Article 6, un enjeu crucial pour les marchés internationaux de crédits carbone. Les pourparlers s'intensifient à Baku, mais des obstacles demeurent.
À la COP29, l’Azerbaïdjan presse les négociateurs pour une adoption rapide des règles de l’Article 6, un enjeu crucial pour les marchés internationaux de crédits carbone. Les pourparlers s'intensifient à Baku, mais des obstacles demeurent.
Victime d'une attaque des Houthis en août, le pétrolier Sounion commence sous haute surveillance le transfert d’un million de barils de pétrole vers le Delta Blue dans le canal de Suez, prévenant un désastre écologique.
Victime d'une attaque des Houthis en août, le pétrolier Sounion commence sous haute surveillance le transfert d’un million de barils de pétrole vers le Delta Blue dans le canal de Suez, prévenant un désastre écologique.
Le Venezuela et la Russie ont signé plusieurs accords militaires et pétroliers visant à renforcer leur coopération, consolidant ainsi une alliance stratégique qui s'étend jusqu'en 2030 et au-delà.
Face aux tensions commerciales avec les États-Unis, Ursula von der Leyen a proposé à Donald Trump d'accroître les importations de gaz naturel liquéfié (GNL) américain pour remplacer le gaz russe en Europe.
Face aux tensions commerciales avec les États-Unis, Ursula von der Leyen a proposé à Donald Trump d'accroître les importations de gaz naturel liquéfié (GNL) américain pour remplacer le gaz russe en Europe.
La COP29 s'ouvre à Bakou, Azerbaïdjan, en pleine incertitude politique mondiale, avec des appels renouvelés pour des financements massifs en faveur des pays en développement face à la crise climatique.
La COP29 s'ouvre à Bakou, Azerbaïdjan, en pleine incertitude politique mondiale, avec des appels renouvelés pour des financements massifs en faveur des pays en développement face à la crise climatique.
Huit agences thaïlandaises signent un accord avec l'Allemagne pour réduire les émissions de CO₂ via un projet de « couplage sectoriel », visant une neutralité carbone d’ici 2050 et des émissions nettes nulles d'ici 2065.
Huit agences thaïlandaises signent un accord avec l'Allemagne pour réduire les émissions de CO₂ via un projet de « couplage sectoriel », visant une neutralité carbone d’ici 2050 et des émissions nettes nulles d'ici 2065.
À la COP29, l'ONU s'engage à encadrer le marché des crédits carbone pour en renforcer la transparence et la qualité, dans un effort pour réduire les émissions mondiales de CO2.
Les exportations américaines de pétrole vers l'Asie, malgré leur solidité, pourraient être impactées par la politique étrangère du prochain président américain, en fonction des relations avec la Chine, l’Iran et d’autres pays producteurs.
Les exportations américaines de pétrole vers l'Asie, malgré leur solidité, pourraient être impactées par la politique étrangère du prochain président américain, en fonction des relations avec la Chine, l’Iran et d’autres pays producteurs.
L’Azerbaïdjan, pays hôte de la COP29, est depuis des siècles une terre de ressources pétrolières et gazières. Sa stratégie actuelle mise sur le gaz naturel pour devenir un fournisseur incontournable en Europe.
L’Azerbaïdjan, pays hôte de la COP29, est depuis des siècles une terre de ressources pétrolières et gazières. Sa stratégie actuelle mise sur le gaz naturel pour devenir un fournisseur incontournable en Europe.
Face aux tensions géopolitiques et à une dépendance énergétique critique, l'Ukraine explore un partenariat avec le Qatar pour diversifier ses sources d'énergie et attirer des investissements dans ses infrastructures énergétiques.
Face aux tensions géopolitiques et à une dépendance énergétique critique, l'Ukraine explore un partenariat avec le Qatar pour diversifier ses sources d'énergie et attirer des investissements dans ses infrastructures énergétiques.

Publicite